Vladimir Poutine a signé jeudi 25 août un décret pour augmenter de 10% le nombre de militaires dans l’armée russe au 1er janvier 2023. Une annonce forte qui intervient en plein cœur du conflit en Ukraine, et alors que les lignes de front ont très peu évolué ces dernières semaines.
L’armée devra compter deux millions de membres, dont 1,15 million de soldats, contre 1,9 million, dont un peu plus d’un million de combattants, en 2017, selon ce décret publié par le gouvernement et entrant en vigueur le 1er janvier prochain. Concrètement, sans compter le personnel civil, cela représente une augmentation de 137 000 militaires, soit plus du dixième de la force de combat actuelle. On ne sait pas combien de militaires seront affectés à l’opération en Ukraine, ni si Vladimir Poutine compte faire appel à la conscription pour renforcer ses troupes.
« Les forces russes qui ont été engagées depuis le 24 février dans l’opération militaire spéciale contre l’Ukraine ont subi des pertes extrêmement importantes, et Moscou éprouve des difficultés à recruter des nouveaux soldats, constate le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale. Vladimir Poutine se rend compte aussi qu’il est rentré dans une confrontation non pas directe avec l’Otan, mais une confrontation indirecte, et que ses forces engagées sur un théâtre qui est celui de l’Ukraine, ne sont pas forcément suffisantes pour assurer la sécurité de la Russie. »
Mobilisation dans le sud et l’est de l’Ukraine
Les raisons de cette mesure ne sont pas expliquées dans le décret. Depuis six mois, l’offensive en Ukraine est en effet très coûteuse en moyens humains et matériels. Après avoir échoué à prendre Kiev au début de l’intervention, les forces de Moscou concentrent désormais leurs efforts dans l’est et le sud de l’Ukraine, où les fronts ont peu bougé ces dernières semaines.
« Cette augmentation n’est prévue qu’à partir du 1er janvier 2023, cela veut dire aussi que Vladimir Poutine considère qu’il s’inscrit dans la durée, c’est-à-dire que la guerre contre l’Ukraine ne va pas s’achever et qu’il lui faut des ressources supplémentaires pour une guerre qui pourrait durer en 2023, voire au-delà. Cette décision annoncée aujourd’hui est inquiétante parce qu’elle traduit bien cette militarisation, cette fuite en avant du régime de Vladimir Poutine », poursuit le général Jérôme Pellistrandi.
Le Kremlin s’est jusque-là gardé de procéder à une mobilisation générale, une mesure que redoutent beaucoup de Russes. L’augmentation du nombre de militaires russes intervient aussi au moment où les relations entre Moscou et les pays occidentaux traversent une crise d’une ampleur sans précédent depuis la fin de la guerre froide.
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