Dans un rapport rendu public ce 23 janvier 2023, l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch (HRW) indique notamment que « la violence à l’encontre des manifestants a été extrême et disproportionnée » le 20 octobre 2022 au Tchad durant une manifestation de l’opposition qui avait été interdite par les autorités.
Au Tchad, Human Rights Watch (HRW) a sorti ce 23 janvier 2023 son rapport sur la répression du 20 octobre 2022 à Ndjamena et dans plusieurs autres villes du pays suite à un appel de plusieurs partis d’opposition et d’organisations de la société civile contre le maintien de Mahamat Idriss Deby Itno à la tête de la transition.
Depuis, pouvoir et opposition se rejettent la responsabilité de ce qu’on appelle au Tchad le « jeudi noir » et donnent des bilans contradictoires : 50 personnes, dont une quinzaine de policiers ont été tués, et 600 personnes arrêtées, selon les autorités qui ont dénoncé une insurrection armée ; l’opposition, elle, parle de 300 personnes tuées, de centaines de portés disparus et de plus d’un millier de personnes arrêtées.
Des chercheurs de HRW se sont rendus sur place en novembre dernier et ont interrogé 68 personnes : des victimes, des membres de familles des victimes, des témoins, ou encore des représentants du gouvernement. Leur rapport est plutôt accablant pour le pouvoir.
Il ressort de cette enquête que contrairement aux accusations du gouvernement tchadien, « les manifestants n’étaient pas armés », mais ils ont utilisé « des frondes pour lancer des pierres sur les soldats et ont mis le feu à des biens publics », selon HRW, qui parle notamment « de postes de police [attaqués] et de biens détruits ».
De l’autre côté, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, « la violence à l’encontre des manifestants a été extrême et disproportionnée », puisque « les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants », alors que d’autres ont été passés à tabac ou encore « poursuivis dans des maisons et arrêtés ».
Et ces violences contre les civils ne se sont pas arrêtées au seul 20 octobre, explique l’ONG, qui parle de centaines de personnes, dont des enfants, acheminées par la suite vers le bagne de Koro Toro, une prison de haute sécurité située au milieu du désert, à 600 kilomètres de Ndjamena.
Pour le moment, cette organisation reconnaît que son enquête de terrain ne lui a pas permis de déterminer le nombre exact des victimes de la répression du 20 octobre, mais ce nombre « pourrait être beaucoup plus élevé que les chiffres officiels » dit-elle en substance en citant les ONG locales qui « soupçonnent que certaines personnes sont toujours portées disparues ».
Enfin, le pouvoir avait assuré qu’au moins 15 membres des forces de l’ordre avaient été tués par les manifestants. Human Rights Watch n’a toutefois pas été en mesure de confirmer les décès de policiers, malgré ses tentatives notamment auprès des autorités.
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