Une nouvelle force internationale en Haïti: Antonio Guterres avance ses propositions

Pour endiguer l’emprise des gangs armés qui contrôlent plus de 80% de la capitale, le secrétaire général de l’ONU avait un mois pour envoyer des propositions concrètes aux membres du Conseil de sécurité. Le rapport d’Antonio Guterres fait 12 pages et il préconise, une fois de plus, l’envoi d’une force internationale en Haïti.

En Haïti, des milliers de personnes ont encore fui hier, mardi, Carrefour-Feuilles. Ce quartier de Port-au-Prince est attaqué depuis plusieurs jours par un gang armé qui tue les civiles, pille et brûle des maisons et viole des femmes. Le gang, selon la police et les habitants, est dirigé par Renel Destina – également connu sous le nom de Ti Lapli- qui est recherché par la police fédérale américaine (FBI). Ces violences poussent les habitants à quitter leur domicile sans avoir d’autres solutions pour se loger : plus de 3.000 personnes ont fui ce quartier, selon un bilan provisoire de la direction de la protection civile haïtienne. Et les habitants appellent à l’aide sur les réseaux sociaux.

Déjà qualifiée de « dramatique » en juin dernier par l’expert des Nations unies dans son rapport, la situation échappe au contrôle des autorités locales et nationales. Dans son rapport, Antonio Guterres insiste : il faut neutraliser les gangs et les désarmer. Il faut reprendre le contrôle des axes routiers et des installations stratégiques pour permettre de nouveau la libre circulation des personnes et des biens et le retour des services publics de base dans la vie des Haïtiens, explique Antonio Guterres.

Pour ce faire il faudra aussi bien des unités de police ultra-spécialisées que des moyens militaires, d’autant que cela fait des mois que les Nations unies réclament la mise en place d’une force d’intervention en Haïti.

Mais de qui ? Le Kenya, les Bahamas, la Jamaïque se sont déclarés partants pour cette force d’intervention, dont la forme reste à définir. Le secrétaire général sait que les dernières missions de de casques bleus n’ont pas laissé de bons souvenirs en Haïti en raison par exemple d’affaires d’abus sexuels impliquant des soldats de plusieurs nationalités. Une enquête publiée en 2019 par le magazine The conversation avait beaucoup choqué.

C’est pourquoi Antonio Guterres préconise une force non-onusienne qui se déploierait « de façon complètement autonome en Haïti ». Et ce n’est qu’une fois les gangs délogés que l’ONU lui apporterait un soutien logistique.

Le chef des Nations unies souligne toutefois que l’utilisation de la force seule ne règlera pas le problème de l’insécurité. Il faudrait rétablir le système judiciaire et relancer l’économie afin de proposer des alternatives aux jeunes.

Ces objectifs figuraient déjà sur l’agenda des différentes missions des Nations unies en Haïti ces dernières années, sans jamais être suivis d’effets concrets.

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