Une cinquantaine de morts dans des affrontements à la frontière entre les deux Soudan

Plus de 50 personnes ont été tuées et une soixantaine d’autres ont été blessées ce week-end lors d’affrontements dans la région d’Abyei, à la frontière entre la République du Soudan et le Soudan du Sud, a déclaré l’ONU lundi. Deux Casques bleus figurent parmi les victimes.

Nouvelles tensions entre les deux Soudan. Au moins 52 civils et deux Casques bleus ont été tués dans plusieurs attaques à caractère ethnique samedi et dimanche dans la région d’Abyei, zone pétrolifère frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud, a déploré lundi 29 janvier l’ONU, qui a appelé au calme.

Abyei, théâtre régulier d’affrontements, est placée sous la protection de l’ONU depuis l’indépendance du Soudan du Sud, en 2011.

« Actuellement, selon les autorités locales, 52 civils ont perdu la vie, tandis que 64 autres seraient grièvement blessés », a déploré dans un communiqué la Force intérimaire des Nations unies (Fisnua), se disant « préoccupée par la poursuite des affrontements intercommunautaires ».

Une enquête « rapide »
Deux Casques bleus, un Ghanéen et un Pakistanais, ont également été tués, selon la force onusienne, qui a « condamné fermement ces attaques contre les civils et les soldats de la paix, rappelant que les violences contre les Casques bleus peuvent constituer un crime de guerre au regard du droit international ».

L’ONU a « réitéré son appel à une enquête rapide afin que les auteurs [de ces attaques] répondent de leurs actes ».

Selon l’autorité administrative d’Abyei, des « jeunes armés » de l’ethnie des Dinka Twic, venus de l’État voisin du Warrap, et des rebelles ont mené samedi plusieurs attaques, notamment contre le marché de Nyinkuac dans la ville d’Abyei, ville principale de la région, ainsi que dans les zones de Nyinkuac, Majbong et Khadian.

Au moins une de ces attaques a visé des Ngok, autre branche de l’ethnie Dinka vivant à Abyei, selon l’AAA.

Le Casque bleu ghanéen a été tué samedi dans une attaque contre une base de la Fisnua à Agok, à environ 40 km au sud d’Abyei, menée « par un groupe armé », a indiqué l’ONU. L’autre, pakistanais, a été tué dimanche par des « tirs nourris » sur des véhicules transportant des civils blessés vers un hôpital, a ajouté la même source lundi.

La Fisnua compte actuellement 3 250 militaires et 640 policiers en charge du maintien de la paix.

« Profondément préoccupés »
Dans un communiqué publié lundi, États-Unis, Royaume-Uni et Norvège – la « Troïka » qui a parrainé l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 – se sont dits « profondément préoccupés par l’escalade de la violence ces derniers mois entre les communautés vivant à et aux alentours » d’Abyei.

Un conflit entre les tribus Twic et Ngok a débuté en 2022 au sujet de revendications foncières dans une zone située à la frontière du territoire d’Abyei et de l’État du Warrap.

En novembre, au moins 32 personnes avaient été tuées dans des affrontements entre les deux groupes.

Plus tôt en janvier, le président sud-soudanais Salva Kiir les avait appelés à un cessez-le-feu.

La région est aussi régulièrement endeuillée par des tensions entre les Ngok et les éleveurs de l’ethnie Misseriya, qui traversent la région à la recherche de pâturages. Des heurts ont notamment fait plusieurs dizaines de morts en mars 2022.

Des responsables de l’ONU ont par ailleurs fait part fin novembre de leur inquiétude de voir la zone d’Abyei encore plus déstabilisée par le conflit en cours depuis avril au Soudan entre l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Dagolo.

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