Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est à Washington mardi 12 décembre, pour plaider la cause de son pays. Car l’Ukraine a besoin de continuer à recevoir l’aide américaine pour faire face à l’invasion russe, mais cette aide massive est loin d’être acquise, étant de plus en plus ouvertement contestée, notamment dans le Congrès.
Pour la Maison Blanche, recevoir Volodymyr Zelensky, c’est souligner l’engagement inébranlable des États-Unis à soutenir le peuple ukrainien qui se défend contre l’invasion brutale de la Russie, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.
C’est vrai pour l’administration présidentielle, mais cela l’est moins ailleurs, et notamment au Congrès. La semaine dernière, le sénat a rejeté la demande présidentielle de financement supplémentaire pour les besoins de la sécurité nationale américaine l’an prochain. Dans cette demande, plus de 60 milliards de dollars pour l’Ukraine.
Les sénateurs républicains ont clairement fait savoir qu’ils ne voteraient pas un sou supplémentaire sans mesures à la frontière sud des États-Unis pour une meilleure maîtrise des flux migratoires.
Joe Biden se dit prêt à discuter mais ajoute qu’en attendant, s’il n’y a pas de vote d’ici à la fin de l’année, les financements seront épuisés.
En plus de son entretien et d’une conférence de presse à la Maison Blanche, Volodymyr Zelensky va personnellement rencontrer les sénateurs. La semaine dernière, il avait annulé au dernier moment une intervention en vidéo lors d’une réunion à huis clos qui s’était mal passée. Cette fois, il pourra notamment discuter directement avec JD Vance. Ce sénateur trumpiste de l’Ohio expliquait cette fin de semaine qu’il faudrait accepter l’idée que l’Ukraine cède du territoire à la Russie.
Le manque de moyens et soutien occidental fait perdre à l’Ukraine des positions face à la Russie
Si Joe Biden a déclaré que les États-Unis continueront à soutenir l’Ukraine, les forces ukrainiennes sur le terrain ressentent de plus en plus les manques de matériel, de troupes et de soutien. L’hiver étant déjà bien entamé et en manque de moyens, Kiev craint perdre petit à petit les positions gagnées cet été face au rouleau compresseur russe, rapporte notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
La troisième brigade d’assaut de l’armée ukrainienne, issue des rangs de vétérans du régiment Azov, est désormais considérée comme la plus grande, la plus puissante et la plus efficace formation de l’armée ukrainienne.
À la fin de l’été, elle a attaqué les tranchées russes dans la région de Bakhmut et repris du terrain aux Russes. Mais début décembre, elle a été retirée du front, pour panser ses plaies, reconstituer ses rangs, avant de repartir au front en février prochain.
Les obus manquent, les soldats sont blessés et les troupes fraîches manquent
Résultat : dans la région de Bakhmut, l’armée ukrainienne perd petit à petit les positions gagnées cet été. L’armée russe multiplie les assauts d’infanterie, au prix d’innombrables pertes, mais côté ukrainien les obus manquent, et les soldats engagés depuis des mois peinent à être remplacés par des troupes fraiches.
À Kiev, les contacts militaires s’inquiètent du point de rupture, et du fait que l’Ukraine n’ait pas préparé ces derniers mois de lignes de fortification en cas de percée russe.
La crainte du rouleau compresseur russe se fait de plus en plus forte, et l’engagement des Américains et des Européens est particulièrement scruté du côté de la communauté des militaires et des volontaires. Ceux-ci réclament aux Occidentaux non pas de l’argent, mais du métal et des armes pour réussir à tenir.
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