Ukraine: passe d’armes entre le président Zelensky et le maire de Kiev, Vitali Klitschko

Selon plusieurs sources, le chef de l’État souhaiterait retirer à Vitali Klitschko la direction de l’administration d’État de la ville de Kiev, accusant l’ancien boxeur d’une mauvaise gestion des abris antiaériens de la ville. La politique en Ukraine avait été mise quelque peu en sourdine depuis le début de l’invasion russe.

Tout remonte au 1er juin 2023. Ce jour-là, un missile russe frappe la banlieue est de Kiev, tuant deux femmes et un enfant qui n’ont pas pu accéder à l’abri souterrain le plus proche car celui-ci était fermé à clé. Un drame qui émeut l’opinion, et Volodymyr Zelensky s’en prend immédiatement aux « ennemis intérieurs », accusant l’administration de la ville de Kiev de négligences dans la gestion des abris anti-aériens.

« Campagne déchaînée »

Sans le nommer, Volodymyr Zelensky a décoché un uppercut à Vitali Klitschko, en déclarant « qu’il pourrait y avoir un KO » pour quelqu’un. Klitschko quant à lui a dénoncé une « campagne déchaînée », accusant la présidence de vouloir reprendre le contrôle de la mairie de Kiev.

En réalité, le conflit n’est pas nouveau entre les deux hommes. En 2019, le parti de Zelensky, Serviteur du peuple, avait tenté en vain de reprendre la mairie de Kiev à Klitschko, longtemps allié de l’ancien président Petro Porochenko. En vain, l’ancien boxeur remportant l’élection, tandis que le parti de Zelensky n’a jamais réussi avant-guerre à imposer ses candidats dans les grandes villes d’Ukraine, que ce soit Dnipro, Odessa ou Kharkiv.

Le siège de Kiev par les Russes en mars 2022 a mis sous l’éteignoir les mauvaises relations entre Zelensky et Klitschko. Celles-ci sont cependant en train de renaître, alors que l’administration présidentielle aimerait ramener dans son giron la gestion des affaires de la capitale.

Doit-on voir là une tendance à l’autoritarisme de Zelensky ou bien la renaissance d’une opposition au président ? En fait, ce que cette affaire révèle, c’est que la vie politique, qui a été un peu mise sous l’éteignoir, dans une logique d’unité nationale, n’est pas totalement morte. Or, tant que la guerre durera, il n’y aura pas d’élections en Ukraine, et forcément, l’administration de Zelensky aimerait avoir plus de relais, des courroies de transmission au niveau local pour gérer le pays en guerre.

C’est de « bonne guerre », mais Zelensky n’est absolument pas en mesure d’imposer ses bons vouloirs à Kiev ou ailleurs, car malgré sa popularité très forte, les Ukrainiens sont très attachés à la pluralité, et le président Zelensky n’a jamais reçu un blanc seing de la société.

Cependant, c’est un fait, le chef de l’État et son entourage perçoivent Klitschko comme un potentiel opposant dans le futur, ils s’en méfient énormément. Les sondages ne mentent pas : le taux d’approbation de l’action de Volodymyr Zelensky dans la société est de 83%, contre 48% pour Vitali Klitschko. La ville de Kiev et l’intelligentsia de la capitale ont toujours été un peu rétives au style de Zelensky, mais pour le moment c’est lui qui reste le patron.

Maintenant, ce qui est positif, c’est que malgré la guerre, l’Ukraine est toujours capable de pluralisme. Des personnalités s’affirment, de possibles challengers pour Zelensky : on peut citer Vitaly Kim, Serhiy Prytula encore peu connus à l’international. Mais pour le moment, Vitali Klitschko ne boxe pas dans la même catégorie que Zelensky.

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