Ukraine: Kiev revendique des «succès» dans sa contre-offensive

Le ministère ukrainien de la Défense revendique, ce lundi 4 septembre, des « succès » la semaine passée dans sa difficile contre-offensive sur le front sud, et avoir repris trois kilomètres carrés aux forces russes près de Bakhmout (est). Mais pour Ulrich Bounat, analyste géopolitique, spécialiste de l’Europe centrale et orientale, la reconquête du territoire ukrainien s’annonce longue et coûteuse en hommes et matériels. 

Les forces ukrainiennes « poursuivent leurs opérations offensives dans le secteur de Melitopol » et « ont remporté des succès près de Novodanylivka et Novoprokopivka », dans le sud, a déclaré ce lundi à la télévision publique la vice-ministre de la Défense, Ganna Maliar, selon laquelle l’armée de Kiev a également repris trois kilomètres carrés près de la ville de Bakhmout (est).

Deux mois après le début de la contre-offensive et une semaine après la libération du village de Robotyne, l’armée ukrainienne poursuit ses efforts sur le front sud où elle aurait percé la première ligne de défense russe dans la région de Zaporijjia. Une annonce faite vendredi par la vice-ministre ukrainienne de la Défense et confirmée par Washington, alors que les voix qui doutent de l’efficacité de cette contre-offensive se sont fait entendre ces derniers jours dans la presse aux États-Unis.

Mais la contre-offensive ukrainienne ne pouvait qu’être longue et extrêmement violente, rappelle Ulrich Bounat, analyste géopolitique, spécialiste de l’Europe centrale et orientale, joint par Aabla Jounaidi, du service international de RFI. « Il est probable que dans une partie des états-majors, il y avait un espoir, sans doute un peu fou d’ailleurs, qu’effectivement, avec les blindés fournis et les chars d’assaut fournis, les Russes craqueraient assez rapidement.

Il y avait quand même eu quelques voix qui avaient essayé de calmer un peu les choses, je pense au général Mark Milley, le chef d’état-major de l’armée américaine, qui avait dit : « Attention, les combats vont être longs et difficiles. » Et pour le coup, on est vraiment là-dedans : cette capacité finalement à percer les lignes, à lancer une grande offensive blindée, elle ne fonctionne pas.

C’était la seule façon, probablement, d’avoir un gain rapide, ça n’a pas fonctionné. Et donc effectivement, on est revenu sur quelque chose qui est beaucoup plus lent, un genre de guerre d’attrition, avec des petits groupes d’assaut qui partent à l’assaut d’une maison, d’une tranchée, etc. Ça progresse, c’est extrêmement lent, mais ça progresse. Ça permet aussi de protéger un peu le matériel et les hommes. »

 « Ce qui se joue en trame de fond, c’est aussi, et probablement surtout, une bataille des réserves, une bataille de l’artillerie, poursuit Ulrich Bounat. Il y a une volonté de part et d’autre très claire d’épuiser les réserves et de faire en sorte que, finalement, l’ennemi au bout d’un moment craque… Je pense que c’est ce que les Ukrainiens espèrent. On voit déjà qu’il y a une partie des réserves qui avaient été mises au sud par les Russes, qui ont été mobilisées pour essayer justement un peu de boucher les trous au niveau de la percée. Parce que même si ça n’avance pas, les combats sont extrêmement violents, on est toujours dans des combats vraiment maison par maison, avec des groupes d’assaut. Donc dans ce cadre-là, l’objectif, l’espoir d’un camp et de l’autre, c’est que l’autre arrive au bout de ses réserves et soit s’épuise pour les Ukrainiens, soit craque, au bout d’un moment, pour les Russes. »

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