Tunisie: un second tour des législatives dans un contexte morose

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h ce dimanche en Tunisie. En tout, ce sont près de 8 millions de Tunisiens qui sont appelés aux urnes pour ce second tour des législatives. Un scrutin qui se déroule dans un contexte économique et politique morose, alors qu’une majorité de l’opposition a décidé de ne pas y participer.

À Tunis cette semaine, il n’était pas rare de croiser des personnes qui ignoraient que le second tour des législatives se tenait ce dimanche dans leur pays.

Le scrutin ne passionne pas les Tunisiens. Au premier tour, le taux de participation – établi dans un premier temps à 8,8% – a été rehaussé à 11,22%. C’est le score de participation à une élection le plus bas depuis la révolution de 2011. Les chiffres du second tour seront donc scrutés de près.

Une élection qui se déroule alors que le pays traverse une grave crise économique. À l’inflation – s’établissant à 10,1% le mois dernier – s’ajoutent les problèmes de trésorerie de l’État tunisien en pleines tractations avec le FMI pour un nouveau prêt.

Une crise économique doublée d’une crise politique. Kaïs Saïed, le président tunisien, qui détient les pleins pouvoirs depuis un an et demi, concentre aussi désormais de plus en plus les mécontentements. L’élection de 161 députés au sein d’une nouvelle Assemblée nationale ne devrait pas changer la donne tant ses pouvoirs ont été limités. Plus de vote de confiance pour adouber le nouveau gouvernement, la censure de celui-ci a, par ailleurs, été rendue très difficile et surtout l’initiative des lois continuera d’être en priorité du ressort du chef de l’État.

L’opposition réfléchit déjà à l’« après-Saïed »
Face à cette situation, la majeure partie de l’opposition ne participe pas à ce scrutin et appelle à un arrêt de ce processus politique voulu par Kaïs Saïed. La veille de scrutin, certains opposants planchaient même sur ce qu’ils appellent l’« après-Saïed ».

Ces élections législatives sont un « non-évènement » pour les opposants au président tunisien comme Jaouhar Ben M’barek, juriste et tête d’affiche du mouvement du Front de salut national opposé à Kaïs Saïed. « Le second tour ne nous intéresse pas, nous, on continue notre travail comme si de rien n’était. Et ce n’est pas notre position, c’est la position des Tunisiens. Le pays ne vit pas d’atmosphère électorale. Cela se voit, ça se sent. Donc, voilà, on continue notre travail normalement. »

Le Front de salut national estime que le faible taux de participation du premier tour prouve un effritement de la crédibilité de Kaïs Saïed et de son projet politique auprès des Tunisiens. « C’est une phase de transition, elle peut durer un peu. On le voit maintenant avec la multiplication des initiatives, que ce soit des organisations nationales, des partis politiques, de la société civile. Tout le monde maintenant est en train de réfléchir à l’après Kaïs Saïed, comment s’organiser, comment éviter le vide institutionnel et le vide politique, comment on peut trouver des solutions institutionnelles et techniques pour l’après Kaïs Saïed. »

Des initiatives qui, à ce jour, ne font pas dévier le président tunisien de sa trajectoire. Le maître de Carthage disant avoir pour projet de rendre le pouvoir au peuple selon ses dires.

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