Le président d’Alternance générationnelle pour l’intérêt de la République (AGIR), Thierno Bocoum, sort de sa réserve après trois mois d’observation. Lors d’une conférence de presse ce mardi, il est revenu sur l’actualité brûlante opposant le Premier ministre à certains députés concernant la Déclaration de politique générale (DPG). Pour l’ancien parlementaire, la DPG est une exigence constitutionnelle que le Premier ministre doit présenter devant l’Assemblée nationale. S’il le fait ailleurs, il commet un « coup d’État institutionnel ».
Thierno Bocoum note un changement de comportement du Premier ministre Ousmane Sonko : « Nous leur avons laissé du temps pour s’organiser, encourageant toujours la rupture. Cependant, ce temps d’observation est désormais terminé. Le comportement du Premier ministre ne rassure pas. Il ne semble pas avoir la capacité requise pour ce poste. Il ne respecte ni les institutions du pays, ni les Sénégalais », a déclaré le président du mouvement AGIR.
Concernant la polémique sur la déclaration de politique générale, Thierno Bocoum affirme qu’Ousmane Sonko est dans l’erreur : « Si des questions de règlement intérieur se posent à l’Assemblée nationale, elles ne concernent que les députés. En revanche, la DPG relève de l’article 55 de la Constitution, obligeant le Premier ministre à la présenter devant l’Assemblée nationale. Ousmane Sonko n’a pas à donner des ordres aux députés. »
Il souligne que le Premier ministre n’est pas lié par des délais stricts et ne devrait pas donner d’ultimatum aux députés : « Si les 90 jours sont dépassés, le Premier ministre n’est plus tenu par ces délais. Menacer les députés est une grave erreur. Selon l’article 64 de la Constitution, tout mandat impératif est nul. Ousmane Sonko doit respecter la séparation des pouvoirs. Si les députés cèdent aux injonctions du Premier ministre, ils ne représentent plus le peuple. Sonko n’a pas le droit de donner des ultimatums aux parlementaires. Leur objectif semble être de dissoudre le parlement et de convoquer des élections législatives. Les députés ne doivent pas accepter cela », a assuré l’ancien parlementaire.
Selon Thierno Bocoum, le Premier ministre doit obligatoirement présenter sa DPG devant l’Assemblée nationale : « S’il choisit de le faire en dehors de l’hémicycle, il commet un coup d’État institutionnel et ne peut plus être Premier ministre du Sénégal. C’est une exigence constitutionnelle et il y a un défaut de respect des institutions », a-t-il souligné.
Il a également critiqué l’inaction des députés à l’Assemblée nationale : « L’Assemblée nationale manque d’action et de leadership. Les députés doivent agir collectivement. Le règlement intérieur est une loi et ceux qui cherchent à le modifier doivent présenter une proposition de loi. L’initiative législative revient aux députés. »
Thierno Bocoum a rappelé que l’ancien Premier ministre Amadou Ba avait présenté sa DPG conformément au règlement intérieur, et que cela devrait également être le cas pour Ousmane Sonko : « Il n’y a pas de problème, c’est aux députés de régler cette question car cela relève de leur compétence », a-t-il conclu.
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