Tchad: le syndicat de la magistrature répond aux critiques du chef de l’Etat

Lors de la cérémonie du 25e anniversaire de l’ordre des avocats, le président de transition s’en était pris à la justice de son pays, « une justice qui va mal », a-t-il alors lancé. Il a ensuite donné des exemples qui illustrent à ses yeux, ces « dysfonctionnements qui constituent un des principaux problèmes du pays », et qui mettent en exergue le laxisme des magistrats, a-t-il déclaré. Mais ces accusations ne passent pas auprès des principaux acteurs de la justice, qui renvoient la balle aux décideurs politiques.

Le secrétaire général du Syndicat des magistrats du Tchad le reconnaît lui-même, « la justice va mal » mais « ce n’est pas de leur seule faute », assure-t-il, en dénonçant « les ingérences politiques » qu’ils subissent souvent ou encore une méconnaissance de la loi par l’autorité politique.
 
« Beaucoup d’interventions, parfois même au niveau de la présidence, viennent de gens qui font des interventions en son nom pour dire que la haute autorité a décidé que cette affaire-là, il faut faire ça, ça, ça, pointe Kadjonka Bouleversé. Ceux qui sont censés poursuivre ne le peuvent plus. Mais quand on arrête des gens, on met à la disposition de la justice. Et parfois, ils sont arrêtés à tort et le juge est censé aussi les mettre dehors. »
 
Et le leader syndical d’enfoncer le clou. « Si la justice ne fonctionne pas, c’est le président du Conseil supérieur de la magistrature qui est le président de la transition qui a tenu ses propos, en tant que décideur politique, c’est lui qui est mieux indiqué pour trouver une solution. »
 
Manque d’indépendance et de moyens, corruptions, clientélisme ou encore favoritismes dans les nominations … les maux qui gangrènent la justice sont connus et ont été recensés depuis bien longtemps lors d’états-généraux, reconnait tout aussi bien le leader syndical que le bâtonnier du Tchad, Me Djerandi Laguerre Djonro. Malheureusement, les principales recommandations sont restées lettre-morte jusqu’ici, explique ce dernier. « Nous, les acteurs judiciaires, chacun a une part de responsabilité à assumer dans cette réforme-là, mais la grande responsabilité, c’est celle du gouvernement. »
 
Est-ce le premier pas dans le bon sens ? Mahamat Idriss Déby a promis jeudi que dans la nouvelle Constitution en préparation, le chef de l’État ne sera plus le président du Conseil suprême de la magistrature. Magistrats et avocats ont applaudi des deux mains, mais disent attendre de voir cette promesse « effective » pour y croire.

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