Le Mouvement patriotique du Salut, ex-parti au pouvoir sous Idriss Déby père, a investi le président de transition comme son candidat à la prochaine élection présidentielle, alors que le pays se dirige vers des élections générales qui doivent mettre fin à la transition en octobre de cette année, si tout se passe comme prévu.
Les choses sont allées très vite, ce samedi matin à Ndjamena. Deux heures à peine après l’ouverture de leur congrès extraordinaire consacré officiellement à « la redynamisation » du parti, les congressistes du MPS ont approuvé par acclamation la désignation de Mahamat Idriss Déby comme « président d’honneur », avant de l’investir dans la foulée comme leur candidat à la prochaine présidentielle. La nouvelle Constitution du Tchad n’empêche pas le président de transition de briguer la magistrature suprême pour l’après-transition.
Pas de débat dans la salle, aucun vote organisé. Le choix de Mahamat Idriss Déby comme candidat a été opéré en amont par un Comité d’organisation constitué de caciques de l’ancien parti au pouvoir. « Le MPS n’a jamais fait mystère de sa volonté de l’adouber », reconnaissait l’un d’eux. Ils ont planché pendant dix jours sur « une modification des textes directeurs du MPS afin de le mettre au diapason » de la Ve république. Ils se sont également mis d’accord sur les nouveaux dirigeants du parti, qui ont été adoubés par les militants du MPS, toujours par acclamation.
« Mariage de raison »
« Ça va être un mariage de raison entre le président de transition et le MPS », analyse le chercheur tchadien Ramadji Hoïnathy, avant de détailler : « Mahamat n’a plus le temps de mettre en place sa propre formation politique, et pour le MPS c’est la garantie de rester le parti au pouvoir avec les mêmes privilèges et la même présence sur la gestion des affaires publiques qu’à l’époque de Déby père ». Mais le MPS prévient : « le président de transition n’a pas été consulté, c’est une demande à laquelle il n’a pas encore répondu », a insisté l’un de ses principaux cadres, ajoutant que « c’est à lui d’accepter ou de refuser, le moment venu ».
Ce congrès a également acté le départ pour raisons de santé du président du Conseil national de transition, Haroun Kabadi, de la tête du parti. Il est remplacé par son prédécesseur, Mahamat Zen Bada, comme secrétaire général du MPS, un parti désormais « en ordre de bataille » pour les prochaines élections, selon notre source.
Lancer les hostilités
La désignation de l’ancien secrétaire général du MPS et vice-président de la coalition du « oui » pour le référendum, permet au parti de lancer les hostilités. « On va vers une nouvelle République. Donc, il faut des gens forts pour faire une République forte, pour un Tchad émergent ». Mahmat Zen Bada, nouveau patron du parti, appelle d’ores et déjà à la mobilisation générale.
« Chacun d’entre nous doit amener 30% de ce qu’il a pour Mahamat Idriss Déby. Nous ne pouvons pas amener le président au charbon sans lui donner une majorité confortable pour que demain, il gouverne. Demain, le MPS sera encore et toujours là pour apporter de grandes victoires parce que nous avons une chance. Cette chance s’appelle Mahamat Idriss Déby. Il est doté de certaines choses que nous n’avons pas. Cet homme peut nous conduire à bon port », dit-il.
Toujours pas de date pour la présidentielle
Pour de nombreux Tchadiens, l’ex-parti au pouvoir qui a dirigé le Tchad de 1990 à 2021 cherche à prendre de court les autres formations politiques. La désignation de Mahamat Idriss Déby n’intervient alors qu’aucun des organes chargés de conduire le processus électoral n’a été mis en place et la date de l’élection présidentielle n’est toujours pas connue.
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