Tchad: fin des opérations de déminage à Ndjamena après l’incendie d’un dépôt de munitions

Dans la nuit du 18 au 19 juin, l’explosion d’un des plus grands dépôts de munition de Ndjamena tuait au moins 10 personnes et projetait des engins explosifs dans toute la ville. Les opérations de déminage touchent désormais à leur fin. Selon le génie militaire, qui dirige le processus, 95 % de la capitale tchadienne est à présent sécurisée. RFI a pu suivre mardi 2 juillet les équipes de déminage qui travaillent dans des conditions particulièrement difficiles.

L’une des 9 équipes de déminage sillonne la ville de Ndjamena du matin au soir depuis le 18 juin. Un travail extrêmement dangereux puisqu’on retrouve des obus, des missiles sol-air et même des bombes au phosphore blanc. Certains ont même encore leur mécanisme enclenché. Ces hommes courageux travaillent avec des moyens de protection très limités, et dans des conditions difficiles. Avec les premières pluies, des débris s’enfouissent sous le sol, et il faut donc creuser pour les extraire.
 
La première partie de l’opération touche à sa fin. La première semaine, près de 4 500 personnes ont appelé les démineurs.  Avançant à pas feutrés, simplement protégé par un casque, l’adjudant-chef Pattayamou se saisit à mains nues d’un obus chargé et gisant au milieu d’une concession. « Depuis le 18 juin, je pense qu’avec mes équipes, nous n’avons pu que très peu nous reposer parce que c’est notre boulot. En étant démineur, tu es engagé à aller jusqu’au bout. Tu ne peux pas laisser des munitions auprès de la population », explique-t-il.
 
Le téléphone du lieutenant-colonel Hassane se met à sonner. « Il y a une roquette qui est enfouie au sol, donc on doit se porter là-bas. Il faut y aller », lance-t-il. Il faut creuser pour extraire l’engin de la boue, sous le regard inquiet du chef de quartier Mahamat Djibril. « Ce sont les enfants qui l’ont trouvé ce matin en jouant dans les flaques, on a tout de suite appelé le génie militaire », dit-il.
 
Aujourd’hui, les démineurs ne reçoivent plus qu’un ou deux appels par jour. « Je crois bien que l’on tend vers la fin. Il faut être toujours vigilant si jamais l’on voit un projectile quelque part. Il ne faut jamais minimiser ce genre de choses. Il faut faire signe et nous, on va se porter aussitôt sur le lieu », décrit le colonel Hassane.
 
Selon le général Adoum Abakar Guerdi, directeur du génie militaire, plus de 6 000 engins ont été récupérés et devraient être détruits d’ici à la semaine prochaine sur un site sécurisé, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale.
 
Une fois la ville hors de danger, le site même de l’explosion sera dépollué, ce qui prendra encore probablement plusieurs mois. Pendant ce temps, les équipes du ministère de l’Action sociale sont, elles aussi, à pied d’œuvre pour recenser les victimes et les sinistrés dans les quartiers. 
 
Dès la semaine dernière, le Premier ministre a évalué le coût des réparations à plus de 11 millions d’euros et sollicité l’aide des partenaires internationaux pour y faire face. Quant à l’enquête qui a été annoncée par le gouvernement, elle a été confiée aux renseignements militaires et rien n’a fuité pour l’instant.
 
Mais les experts interrogés mettent en avant les mauvaises conditions de stockage : manque d’espace ou d’aération, exposition à la chaleur, notamment des explosifs, qui parfois datent de plusieurs décennies.

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