Taïwan va augmenter ses dépenses militaires à un niveau record

Taïwan s’apprête à augmenter de près de 14% l’ensemble de ses dépenses militaires l’an prochain. C’est le projet du gouvernement et de la présidente Tsai Ing-wen, alors que la Chine a effectué ces dernières semaines des exercices militaires particulièrement intenses autour de l’île après la visite à Taïwan de la cheffe des députés américains, Nancy Pelosi.

Taïwan a annoncé ce jeudi 25 août prévoir une hausse de son budget militaire. « Afin de protéger la sécurité nationale, le budget global de la défense pour l’année prochaine atteindra 586,3 milliards de dollars Tw, un niveau record », a déclaré un porte-parole, citant le Premier ministre Su Tseng-chang.

Taipei a proposé un nouveau budget militaire de 415,1 milliards de dollars de Taïwan (13,7 milliards d’euros) pour l’an prochain, soit une hausse de 13% par rapport à l’année dernière. Cette somme record doit être approuvée par le Parlement. Un budget spécial sera également affecté notamment à l’acquisition d’avions de chasse, a précisé l’organe en charge des budgets, dans un communiqué.

Malgré cette hausse des dépenses militaire, Taïwan est encore partagée sur la stratégie à adopter face au géant chinois. « Quand on parle de Taïwan il y a toujours cette question : est-ce qu’elle doit se pourvoir en terme d’armement qui lui permettait de résister à une invasion terrestre ? Est-ce qu’elle doit avoir un armement qui consiste d’abord à se prémunir d’une attaque de missiles ? Est-ce qu’elle doit en effet développer simplement des armes asymétriques ? »contextualise Jean-Yves Heurtebise, maître de conférences à l’université catholique Fu-Jen, à Taïwan.

Crainte d’intervention militaire de la Chine

« Ce que l’exemple de l’Ukraine semble avoir montré au niveau de l’armement, c’est qu’un grand nombre de petits armements valaient mieux qu’en fait un petit nombre d’armes qui coutent très cher et qui peuvent être détruites facilement, comme des avions par des missiles, contextualise Jean-Yves Heurtebise, au micro de RFI. Donc, il y a toujours cette question, est-ce qu’on va simplement favoriser une défense asymétrique ? Ou est-ce que malgré tout, on cherche à avoir des niveaux de compétences égales ? Taïwan a hésité entre un côté ou l’autre, au niveau du budget militaire. C’est quelque chose qui est toujours en discussion. »

Pékin considère que l’île de Taïwan fait partie de son territoire, et Taipei craint que la Chine intervienne militairement. Les manœuvres militaires de grande ampleur engagées ce mois-ci par la Chine – à la suite de la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taipei – ont accentué les tensions dans le détroit de Taïwan à leur plus haut niveau depuis des années, renforçant les craintes que Pékin n’emploie la force pour prendre le contrôle de l’île qu’il considère comme sienne.

Les bruits de bottes de Pékin se sont intensifiés sous la gouverne du président Xi Jinping, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie a prouvé que les menaces verbales émanant d’une puissance autoritaire voisine pouvaient devenir concrètes. Taipei reste très largement en infériorité numérique vis-à-vis de Pékin, avec seulement 88 000 forces terrestres contre un million pour la Chine, selon les estimations du Pentagone. Le territoire a modernisé sa flotte vieillissante de chasseurs ces dernières années, sur fond de craintes croissantes d’une action militaire de la Chine et de la pression constante exercée via des incursions chinoises plus fréquentes dans sa zone d’identification de défense aérienne (Adiz).

L’année dernière, Taïwan a enregistré environ 950 incursions d’avions de guerre chinois dans sa zone de défense aérienne, selon une base de données compilée par l’AFP, soit plus du double des quelque 380 en 2020.

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