Depuis un peu plus d’un an, et le début de la guerre entre armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide du général Hemmedti, El Fasher, la plus grande ville du Darfour demeurait aux mains de l’armée régulière. Mais les forces du général Hemmedti assiègent la cité depuis plusieurs semaines et des tirs à l’arme lourde sont signalés. Les Nations unies sont plus inquiètes que jamais.
Les craintes sont toujours plus vives au Soudan, au Darfour dans l’ouest du pays. Les provinces darfouries sont largement contrôlées par les paramilitaires FSR du général Hemmedti. Si la plus grande ville du Darfour, El Fasher, demeure aux mains de l’armée du général Burhan et ses alliés, depuis des semaines, les FSR assiègent la cité, capitale de la province du Darfour-Nord. Il y a des escarmouches. Les FSR rasent des villages, et l’armée réplique en bombardant des zones où habitent des civils.
Les appels à mettre un terme au siège se sont multipliés ces dernières semaines mais ce dimanche, l’ONU semble plus inquiète que jamais. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, se dit « très inquiet ».
Son adjoint aux Affaires humanitaires s’alarme lui aussi sur le réseau social X : Martin Griffiths parle d’une intensification en cours des combats autour d’El Fasher. Mais c’est son envoyée au Soudan qui est la plus précise. La Camerounaise Clémentine Nkweta-Salami détaille des « tirs à l’arme lourde. Des attaques dans des zones densément peuplées dans le centre et les alentours d’El Fasher ». Elles font « de nombreuses victimes », dit la responsable onusienne. « Des civils blessés sont transportés d’urgence à l’hôpital d’El Fasher » tandis que d’autres « qui tentent de fuir sont pris au piège dans d’intenses combats ».
Clémentine Nkweta-Salami appelle « toutes les parties à épargner la ville » où habitent entre 800 000 et deux millions de personnes – les sources divergent car El Fasher a accueilli ces derniers mois de nombreux déplacés internes fuyant les combats et les exactions à caractère ethnique qui meurtrissent l’ensemble des provinces du Darfour.
À El Fasher, les déplacés internes sont pour beaucoup des populations non-arabes. Les miliciens FSR, eux, sont recrutés en masse dans les tribus arabes. De nombreux experts et militants de la société civile soudanaise font part dans ce cadre de leur forte crainte d’un nouveau bain de sang, notamment au regard de ce qui s’est déroulé l’an dernier à El Geneina, une ville beaucoup plus petite, capitale du Darfour-Ouest.
Selon l’ONU, entre 10 000 et 15 000 Massalit ont été massacrés en juin 2023, dans la ville et sur les routes de leur fuite vers le Tchad tout proche, à 10 kilomètres à peine. Mais le Tchad est loin d’El Fasher et toutes les routes sont bloquées par les FSR, d’où l’immense inquiétude ce dimanche. Il faut souligner, toutefois, qu’on ne sait pas si cette intensification des combats est le début ou pas de cette offensive de grande ampleur sur la ville.
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