Au Soudan, le cessez-le-feu de 72 heures conclu sous l’égide des États-Unis est entré dans son deuxième jour mercredi 26 avril. Mais les armes n’ont pas cessé de retentir, rapportent des habitants, qui s’inquiètent d’une situation changeante et confuse. Selon l’ONU, « les combats parfois même se sont intensifiés ». Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est également réuni en urgence mardi 25 avril au soir autour de la situation fragile.
Pour le chef de la mission onusienne au Soudan Volker Perthes, qui s’adressait au conseil depuis Port-Soudan en visioconférence, le cessez-le-feu restait fragile et bien qu’en partie respecté dans certaines zones, les affrontements autour de « lieux stratégiques » ont « largement continué et parfois même se sont intensifiés ».
Les factions rivales du général Abdel Fattah al-Burhane, et de son ancien numéro 2 le général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », ne semblent pas prêtes à négocier sérieusement : chacune serait convaincue de pouvoir emporter une victoire militaire, tout simplement, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.
L’émissaire de l’ONU au Soudan a aussi dénoncé les attaques contre les civils, les hôpitaux, les convois médicaux – et les violations nombreuses du droit de la guerre. La situation humanitaire, déjà très fragile au Soudan avec un tiers de la population dépendante de l’aide, s’achemine vers une catastrophe.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et la représentante de l’Union africaine craignent une contagion du conflit hors des frontières. Autour de la table mardi, certaines voix, Soudan et Russie en tête, ont dénoncé des « ingérences » étrangères. D’autres craignent que la crise soudanaise ne suive rapidement l’exemple de la crise libyenne.
Au deuxième jour d’une trêve encore fragile à Karthoum, les habitants « entendent clairement le bruit » des armes
Au Soudan, des périodes de calme sont observées puis aussitôt rompues par des frappes aériennes et tirs d’armes lourdes qui touchent par intermittence une zone puis l’autre de la capitale. Dans le sud-est de la capitale, cet habitant du quartier d’Arkaweet a profité de l’accalmie du premier jour de la trêve pour acheter de la nourriture mais ce matin, il n’était pas question de sortir, a-t-il rapporté à notre journaliste du service Afrique, Pauline Le Troquier :
On a entendu beaucoup de bombes. C’est un peu difficile de regarder par les fenêtres de l’immeuble, parce qu’il y a beaucoup de tireurs d’élite sur le toit des bâtiments, qui visent les citoyens qui filment le conflit. Mais nous entendons clairement le bruit, nous pouvons même sentir le bâtiment trembler.
Au premier jour de la trêve annoncée, les deux parties belligérantes se sont accusées, l’une puis l’autre, de violer le cessez-le-feu qu’elles avaient initialement accepté. Les affrontements ont alors repris dans plusieurs lieux stratégiques notamment autour de l’aéroport International.
L’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fatah al-Burhan a visé des positions des Forces de Soutien Rapide (FSR) de Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemedti ». Celles-ci ont riposté par des rafales de mitrailleuse lourde, en banlieue de la capitale.
Au onzième jour des combats et malgré la trêve, le chef de la mission de l’ONU au Soudan a déclaré qu’il n’y avait « aucun signe clair » d’une négociation possible entre les deux chefs militaires.
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