À l’extrême est du Tchad, plus de 20 000 soudanais fuyant les combats se sont déjà réfugiés dans le village de Koufroun, selon l’ONU. La plupart ont perdu tout ce qu’ils possédaient au cours des pillages perpétrés par des hommes armés. L’aide du programme alimentaire mondial qui manque cruellement de financement, leur permet de tenir une semaine tout au plus, mais c’est l’incertitude pour la suite, car les humanitaires s’attendent à un nouvel afflux massif de réfugiés.
S’abriter du soleil à l’aide d’un simple pagne, dormir pour tromper la faim, sans jamais pouvoir échapper à la chaleur étouffante : les réfugiés décrivent un Darfour soumis au règne des milices, janjawid, des Forces de soutien rapide (FSR) ou de simples bandits.
« Au bord de la route on nous a demandé de s’arrêter je portais un sac on nous a fait allonger par terre avec ma famille, raconte Nodou Yahya qui peine à retenir ses larmes en évoquant le braquage dont elle a été victime. Ils nous ont fouillés, ils ont volé nos téléphones et notre argent et à mes frères ils ont dit « on va vous tirer dessus pour voir ce que ça fait » et ils ont éclaté de rire. »
« On te retrouvera même si tu caches au Tchad », ont menacé ses agresseurs.
« Je ne veux plus jamais retourner au Soudan, jamais, c’est fini. Tout ce que je possédais ils l’ont pris donc je n’ai plus à rien à faire là-bas. Maintenant ce dont je rêve c’est de poursuivre mes études au Tchad », dit cette étudiante infirmière.
Elle dépose un instant son bébé pour nous montrer ses dernières provisions : « Deux sacs d’arachide, c’est tout ce qu’il me reste, une natte, les habits que je porte sur moi et mon certificat d’études. Tout le reste ils me l’ont volé », explique-t-elle.
L’afflux de réfugiés accentue la pression sur les maigres ressources de cette région aride et l’une des plus pauvres du Tchad. Près de deux millions de personnes y sont déjà menacés d’insécurité alimentaire, selon le PAM.
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