La guerre qui a entamé son dixième mois au Soudan, entraine le pays vers des risques inéluctables dont celui de la désintégration. De nombreux indices laissent prévoir le dangereux tournant que la crise pourrait prendre. Le dernier événement qu’a connu Deleng, dans l’État du Kordofan du sud, en est un exemple. Deleng est la deuxième plus grande ville de cet état du centre du Soudan. Elle a connu des exactions sur la base d’appartenances tribales et ethniques qui ont touché l’armée.
La ville de Deleng est habitée par une majorité de tribus africaines nubiennes qui cohabitent avec les Baggaras, des tribus arabes, dont les enfants ont intégré l’armée en nombre bien avant cette guerre.
Les tribus nubiennes, craignant les attaques des Forces de soutien rapide, se sont constituées en milice d’autodéfense. Très vite, en suivant une logique purement tribale, elles ont tué et chassé les officiers de l’armée n’appartenant pas à leurs tribus.
À leur place, des officiers nubis ont été nommés. Plusieurs autres exactions ont eu lieu. Des personnes ont été torturées. Et des habitations ont été brûlées sur la base d’appartenance ethnique. Les Nubis affirment qu’ils n’ont pas confiance en l’armée, qui « se retire des villes à chaque fois qu’une attaque des Forces de soutien rapide a lieu ».
Deleng comme plusieurs autres villes du Kordofan du Sud, est également tombée sous contrôle du mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N), faction Abdelaziz el Helou. Ce dernier s’est insurgé en juin dernier contre l’armée. Il a occupé de nombreuses bases militaires dans cet Etat. Et cela malgré l’accord de principe signé en 2020, avec le gouvernement pour la paix. Il réclame l’indépendance du Kordofan du Sud et n’exclut pas la division du Soudan.
Par ailleurs, la situation humanitaire du pays est catastrophique avec plus de 7 millions de déplacés et réfugiés, un système de santé effondré, des milliers de morts depuis le début de la guerre entre l’armée nationale et les paramilitaires FSR. Le travail des humanitaires est déjà compliqué par l’insécurité généralisée, mais il est rendu d’autant plus difficile par les blocages administratifs du gouvernement. L’action sur le terrain se retrouve considérablement ralentie, voire stoppée totalement.
Partager