En Sierra Leone, le débat sur la dette envers la Chine resurgit à l’occasion d’une visite d’État à Pékin du président Julius Maada Bio, du 27 février au 2 mars 2024. Explications.
Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, est en visite officielle à Pékin. Le chef de l’État est arrivé le 27 février 2024 en Chine pour une visite de cinq jours, destinée à renforcer les relations commerciales bilatérales.
Ce 28 février, lors d’une rencontre avec son homologue Xi Jinping, les deux hommes se sont accordés sur un soutien financier de plus de 300 millions d’euros en faveur de Freetown et Pékin a également annoncé l’annulation d’une partie de la dette sierra-léonaise pour 120 000 euros.
La question de la dette justement resurgit dans le débat public : principale créancière de la Sierra leone, la Chine est en effet en première ligne dans ce dossier.
La hausse des prix des péages d’une autoroute financée par la Chine fait polémique
La hausse des prix des péages d’une autoroute financée par la Chine, qui doit rentrer en vigueur le 1er mars, fait notamment polémique.
En 2015, l’ancien gouvernement avait contracté un emprunt de 150 millions de dollars auprès de l’entreprise chinoise China Railway Seventh Group pour la construction d’une route principale – la route Wellington-Masiaka – reliant la capitale Freetown aux pays voisins, le Liberia et la Guinée. Ce prêt, remboursable sur 25 ans, doit être payé avec les recettes tirées des péages érigées sur cette route.
À l’époque, ce contrat avec la Chine, jugé d’un prix exorbitant (tout comme un autre pour la construction d’un nouvel aéroport, finalement abandonné), avait suscité un tollé. Le président Julius Maada Bio, l’avait même qualifié d’« arnaque » durant sa campagne électorale.
La hausse des tarifs des péages en plein crise économique inquiète Mamoud Tarawallie, économiste : « Si cette mesure est adoptée, elle va avoir un impact sur le coût du transport entre les provinces et Freetown. Imaginez que vous transportiez des barres de fer ou du ciment, et que vous deviez payer trois fois le tarif de 700 leones, soit environ 21,000 leone, puis la même chose au retour, soit 4,200, c’est trop. Cela va pénaliser les entreprises, et aura un impact sur la capacité du gouvernement à générer des revenus. »
Prince Jacob Macauley, un autre économiste, pointe les mauvaises conditions de l’emprunt, dont la durée a été prolongée à 27 ans : « La route elle-même n’est pas conforme aux normes, c’est une route inachevée, et puis il n’y a pas d’alternative, vous ne pouvez pas emprunter une autre route. Vous voyez comment les autorités violent les droits de la population ? Qu’est-ce que c’est que ce genre de relations commerciales ? »
En 2012, le taux d’endettement de la Sierra Leone auprès de la Chine s’élevait à 47 millions de dollars, aujourd’hui il avoisine les 67 millions, selon la Banque Mondiale.
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