Près d’un mois après le double séisme, qui a frappé la Turquie et la Syrie, et qui a fait plus de 50 000 morts, la région est encore sous le choc.
En Syrie, la région d’Idleb, dans le nord-ouest du pays, est l’une des plus dévastées. Et dans cette province contrôlée par des rebelles, sous pression du régime de Bachar el-Assad, la situation reste très difficile pour les rescapés.
Le 6 février dernier, Omar Mohamed Kharoufi a perdu 13 personnes de sa famille, dont sa femme. Sa maison a été détruite, celle de ses quatre frères également. Sa vie s’est écroulée, confie-t-il à notre envoyé spécial sur place, Guilhem Delteil. « C’est très difficile. Très, très difficile. Grâce à Dieu, nous avions de belles maisons. Et comme ça, en un instant, tout est parti. Les maisons ont été détruites. Les enfants, les femmes ont disparu. En un instant seulement, tout est parti », se désole-t-il.
L’aide internationale tarde à arriver
Cette matinée du 6 février, Omar Mohamed Kharoufi la revit encore. Les souvenirs restent très présents. « Ils ne s’en vont pas. Ils sont toujours très présents. Dans mon esprit, ça aurait pu être hier ou aujourd’hui. Jusqu’à aujourd’hui, je n’arrive pas à le croire. Je le revis en cauchemar. »
Depuis un mois, toute la famille d’Omar Mohamed Kharoufi vit sous des tentes. Mais ce fermier assure avoir reçu très peu d’aide. « Toutes les maisons sont détruites. Depuis un mois, rien n’a bougé. Il nous faudrait de l’aide, mais nous n’avons rien obtenu. Les organisations sont venues, elles ont pris des photos et puis elles sont reparties. » Ce père de famille entame une liste de ce qu’il a reçu : un kilo de boulghour, un kilo de lentilles, un litre d’huile et quelques boîtes de sardines et de thon.
Nous avons reçu beaucoup de soutien. Nous l’avons vu sur nos téléphones et sur Facebook. L’aide est arrivée, arrivée, arrivée. Mais nous, nous vivons dans un village. Oui, les organisations sont venues. Beaucoup. Et elles ont fait beaucoup de photos, elles ont discuté avec les gens. Mais est-ce qu’elles nous ont donné quelque chose? Nous, on n’a rien vu.
Des millions de déplacés côté turc
Du côté turc, si 1,5 million de personnes sont encore sur place et logées sous tente ou en conteneurs, 3,3 millions de personnes ont fui la région pour s’abriter dans d’autres villes du pays, comme à Istanbul, où la solidarité s’organise, rapporte notre correspondante Céline Pierre-Magnani.
Nesip Yavuz est imam dans le quartier de Sultanbeyli, arrondissement défavorisé de la rive asiatique. Dès les premiers jours qui ont suivi le séisme, il a lancé un appel à solidarité sur les réseaux sociaux et il a pris en charge une vingtaine de familles.
« Je me suis mobilisé pour trouver des logements disponibles ici à Sultanbeyli et dans les environs afin d’aider les familles rescapées du séisme. Je trouve des propriétaires qui sont d’accord pour prêter leur appartement ou pour les louer à des prix très bas. En fonction des appartements, je les mets en lien avec les familles dans le besoin, explique Nesip Yavuz. Ensuite, j’essaie d’amener tout ce qu’il faut pour les installer. Des draps, de la vaisselle, un réfrigérateur, des casseroles, des lits, etc. on installe tout et on amène la famille. Et puis on essaie d’assurer les besoins alimentaires de base de la famille. J’ai aussi trouvé un dépôt il y a quelques temps. D’ici quelques jours, j’inviterai les familles à venir pour chercher des vêtements », ajoute l’imam.
Encore sous le choc, la population fait pour l’instant preuve de solidarité. Mais la situation va s’installer dans le temps. Le président Erdogan s’est engagé à faire reconstruire 200 000 logements dans les mois à venir.
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