Russie: la justice dissout l’association Centre Sakharov de défense des droits humains

Ce vendredi 18 août, le tribunal municipal de Moscou a ordonné la dissolution de l’association Centre Sakharov, un des derniers piliers de la défense des droits humains en Russie, en pleine répression des voix critiques depuis l’intervention militaire en Ukraine. 

Dans un communiqué, le tribunal municipal de Moscou a affirmé que l’association, qui porte le nom du prix Nobel de la Paix soviétique Andreï Sakharov (1921-1989), avait illégalement organisé en Russie des événements en dehors de sa « zone d’activité » géographique prévue dans ses statuts. C’est au moins la troisième fois que les autorités utilisent récemment ce motif pour dissoudre une association aux opinions critiques.

En janvier 2023, pour une raison identique, le même tribunal avait dissous le Groupe Helsinki de Moscou, la plus ancienne ONG de défense des droits humains en Russie, puis, en avril, le Centre Sova, spécialisé dans l’étude du racisme et de la xénophobie. Au printemps dernier, le Centre Sakharov avait été contraint de quitter ses locaux historiques à Moscou. Pendant près de trente ans, ce lieu, emblématique de la société civile russe, avait accueilli des centaines de débats, d’événements culturels, et comportait un musée sur les crimes soviétiques. C’est là aussi que des milliers de personnes s’étaient recueillies, en 2015, devant le cercueil de l’opposant assassiné Boris Nemtsov.

Arsenal législatif

En avril, le ministère russe de la Justice avait lancé une « vérification » de l’association du Centre Sakharov, désignée depuis 2014 « agent de l’étranger », un statut infamant. C’est cette procédure qui a abouti à sa dissolution. Le directeur du Centre Sakharov, Sergueï Loukachevski, en exil en Allemagne, avait alors assuré à l’AFP qu’en cas de dissolution l’ONG se reconstituerait en Russie sous la forme d’un « collectif ».

En parallèle de son offensive en Ukraine, le pouvoir russe utilise un arsenal législatif de plus en plus flexible pour punir ou interdire toute personnalité ou association jugée hostile au Kremlin. Précédemment, fin 2021, la justice russe a également dissous Mémorial, pilier de la lutte pour les droits humains et la mémoire des victimes des répressions soviétiques, alors que le Kremlin cherche à promouvoir une image positive de l’URSS.

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