Réforme des retraites en France: les députés face aux motions de censure, le gouvernement dans l’attente

Les députés votent ce lundi 20 mars dans l’après-midi sur les motions de censure déposées contre le gouvernement. Élisabeth Borne a engagé sa responsabilité de son gouvernement après l’utilisation de l’article 49.3 sur la réforme des retraites. C’est la dernière étape du parcours parlementaire de la réforme des retraites et la dernière chance pour les oppositions de rejeter ce projet. Pour le camp présidentiel, cette journée et l’avenir s’annoncent rude.

Deux motions de censure, déposées vendredi 17 mars au lendemain du recours à l’article 49.3 de la Constitution, sont soumises au vote à l’Assemblée nationale ce lundi : une du Rassemblement national, et une motion transpartisane du groupe indépendant Liot (pour Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires).
 
La Nupes et le Rassemblement national doivent voter pour cette dernière, qui devrait aussi être soutenue par certains députés Les Républicains opposés à la réforme des retraites, et ce même si Éric Ciotti, le président du parti, a donné comme consigne de ne pas voter de motion de censure.
 
La question est : combien de députés LR transgresseront cette règle, et la majorité absolue sera-t-elle atteinte ? Il faudrait qu’ils soient une trentaine. Ce n’est pas l’hypothèse la plus probable. D’ailleurs, dans la majorité, on se veut serein et même offensif en présentant ce vote comme un moment de « clarté », où chacun va devoir prendre ses responsabilités.
 
Reste que même si le gouvernement ne tombe pas ce 20 mars et que la réforme est donc adoptée, la majorité est fragilisée. La Première ministre, Élisabeth Borne, est sur la sellette. Emmanuel Macron, dont on attend une prise de parole, est sous tension, avec une cote de popularité en chute significative.
 
Durant tout le week-end, des rassemblements ont été organisés aux quatre coins de la France pour protester contre l’usage du 49.3. Des actes de violences ont été constatés et des élus ont été menacés lors de manifestations hors du contrôle des syndicats. Ces derniers ont lancé un appel pour une journée de mobilisation jeudi 23 mars, après le vote sur les motions de censure. Leur objectif : bien montrer que, quoi qu’il en soit, ils n’ont pas l’intention d’en rester là. La page de la réforme des retraites ne sera pas tournée lundi soir. Ni politiquement, ni socialement.
 
Si la dernière étape du parcours parlementaire de la réforme des retraites s’annonce compliquée pour l’exécutif, les manœuvres vraiment difficiles vont commencer après pour Emmanuel Macron. Cet épisode va laisser des traces sur le plan social et politique. Plusieurs options se présentent au président de la République.
 
Si la majorité ne redoute pas vraiment les motions de censure de ce lundi 20 mars, un parlementaire Renaissance envisage la suite avec plus de pessimisme. Selon lui, une fois ce chapitre des retraites passé, l’Assemblée nationale va entrer dans une période « de motion de censure latente » où il deviendra difficile pour le gouvernement de faire passer le moindre texte. Un blocage qui rendrait une dissolution « inexorable ».
 
Pour l’instant, ce n’est pas une option envisagée. Un ministre estime que ce serait donner « une prime au Rassemblement national ». Restent les pistes d’une démission d’Élisabeth Borne et d’un remaniement, comme des gages de changement. Mais pour mettre qui à Matignon, mener quelle politique et avec quelle majorité ?
 
Autant de sujets sur lesquels Emmanuel Macron est attendu. Une prise de parole du chef de l’État est prévue. Mais quand ? Un député estime qu’il ne faut pas « rester en lévitation pendant 15 jours », quand un sénateur pense que le président doit se laisser le temps de voir comment évolue la situation, dans la rue notamment, et conclut comme pour se rassurer : « Il va trouver quelque chose. Après les Gilets jaunes, il a bien trouvé le grand débat. »

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