RDC: émoi après le bombardement à Goma, le Rwanda dément toute participation

Les tirs de roquettes qui ont touché vendredi 3 mai les camps de déplacés au sud-ouest de Goma, dans l’est de la RDC, ont provoqué de nombreuses réactions. Le gouvernement congolais et la diplomatie américaine ont accusé le Rwanda d’être à l’origine de ce bombardement, qui a fait quatorze morts, selon le gouverneur du Nord-Kivu, dont des femmes et des enfants. Des accusations réfutées ce samedi 4 mai par Kigali.

Au lendemain des frappes, l’émoi est toujours vif en République démocratique du Congo. Le bombardement a fait, selon le gouverneur du Nord-Kivu, quatorze morts et une trentaine de blessés.

Le président congolais Félix Tshisekedi, en tournée européenne, a annoncé qu’il allait écourter son voyage pour rentrer à Kinshasa dès ce week-end. La nouvelle Première ministre Judith Suminwa a elle fait part de son indignation, face « à cette attaque lâche et barbare ». Même tonalité du côté du porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui évoque un « crime de guerre ».

De nombreuses ONG et acteurs humanitaires ont aussi dénoncé cette attaque contre des déplacés. Tout comme la Mission onusienne dans le pays (Monusco), qui évoque une « escalade de violence aveugle contre les civils », mais reste néanmoins prudente quant à l’origine des frappes.

Washington pointe le Rwanda du doigt ; « absurde », répond Kigali

Cette prudence n’est pas partagée par Washington, qui s’est exprimé par la voie de son département d’État, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki. Dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie américaine Matthew Miller a accusé le Rwanda d’être directement lié au bombardement qui a visé le camp de réfugiés de Mugunga : « Les États-Unis condamnent fortement l’attaque menée par le M23 et l’armée rwandaise », écrit Matthew Miller, en précisant que cette attaque a fait au moins 9 morts et 33 blessés, dont des femmes et des enfants.

Le porte-parole du département d’État a d’ailleurs spécifié que les États-Unis étaient « très inquiets » de l’avancée récente des forces armées du Rwanda et du groupe rebelle M23 dans l’est de la RDC. Selon, cela a causé le déplacement de plus de 2,5 millions de personnes.

Matthew Miller appelle toutes les parties impliquées dans le conflit à respecter les lois internationales et assure que Washington continue ses efforts diplomatiques dans la région : « Il est essentiel que tous les États respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun », a-t-il estimé.

Ces accusations ont été balayées par Kigali : ces conclusions sont « ridicules » et « absurdes », a commenté la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, rapporte notre correspondante à Kigali, Lucie Mouillaud. « Les RDF, une armée professionnelle, affirme la porte-parole sur le réseau social X, n’attaqueraient jamais un camp de déplacés internes ». Selon elle, il faut regarder « les criminels FDLR et Wazalendos, soutenus par les FARDC, pour ce genre d’atrocités ».

Des accusations contre les forces progouvernementales congolaises qu’ont également formulées les rebelles du M23.

Des enquêtes sont en cours pour déterminer les responsables des bombardements, alors que les humanitaires dénoncent depuis plusieurs mois la proximité des positions d’artillerie avec les camps de déplacés.

L’organisation Médecins sans frontières (MSF), qui intervient dans ces camps de déplacés, avait dû interrompre ses activités une nouvelle fois face à la menace sécuritaire avant de pouvoir de nouveau s’y déployer, explique Marie Brun. Selon la coordinatrice des projets d’urgence dans le pays, l’organisation fait tout ce qu’elle peut, mais elle « réévalue chaque jour si c’est possible de continuer les activités », étant donné la proximité des combats.

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