Comme tous les six mois, les experts onusiens mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies ont rendu leur rapport sur la situation en République démocratique du Congo (RDC). Ce rapport diffusé le 8 juillet 2024 expose notamment la montée en puissance du soutien du Rwanda au groupe rebelle du M23 à l’est de la RDC et l’implication de l’Ouganda auprès du M23. Réactions de Kinshasa et de Kigali.
Selon la porte-parole du gouvernement de Kigali, Yolande Makolo, « la RDC a tous les moyens de désamorcer la situation si elle le souhaite, mais jusqu’à ce moment, le Rwanda continuera de se défendre ». Une communication écrite envoyée lundi 8 juillet 2024 après la diffusion du nouveau rapport des experts de l’ONU sur la RDC, rapporte notre correspondante à Kigali, Lucie Mouillaud.
Le rapport de l’ONU dénonce notamment la présence de 3 000 à 4 000 soldats rwandais combattant aux côtés des rebelles du M23 et accuse Kigali d’avoir « violé l’intégrité et la souveraineté de la République démocratique du Congo ».
Sans confirmer ou démentir ces déclarations, Yolande Makolo affirme que le président congolais Félix Tshisekedi « a menacé à plusieurs reprises de déclarer la guerre au Rwanda ». Des menaces que le pays prend « très au sérieux », ajoute la porte-parole, dans un contexte où à proximité de la frontière, l’armée congolaise « finance et combat » aux côtés de différents groupes, citant notamment les FDLR, un groupe rebelle hutu formé à l’origine d’anciens génocidaires rwandais.
Discussions à venir entre RDC et Ouganda
Pour sa part, le gouvernement de la RDC a exprimé sa consternation face aux rapports indiquant aussi l’implication de l’Ouganda dans le conflit avec le groupe armé M23, alors que Kinshasa et Kampala mènent depuis plus d’une année une opération militaire conjointe dénommée Shujaa contre les islamistes des ADF dans la province de l’Ituri, sur le sol congolais.
Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires Étrangères, a déclaré lundi lors d’un briefing à Kinshasa que la RDC soulèverait cette question par des canaux diplomatiques et militaires. « Évidemment, nous sommes préoccupés par ce rapport, nous sommes aussi préoccupés par des sources de nos propres services qui indiquent des tendances similaires, pointe-t-elle au micro de notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Je pense que dans le cadre de nos liens bilatéraux assez solides que nous avons, nous allons soulever la question à travers le canal diplomatique qui est le mien, mais aussi à travers d’autres canaux comme celui de la défense. Avec l’opération Shujaa, nous avons des interactions et des échanges assez fréquents entre les FARDC [Forces armées congolaises, NDLR] et les UPDF [Force de défense du peuple ougandais, NDLR]. Cette question ne nous échappe pas. »
Partager