L’affirmation des communautés soninké aux yeux du monde s’est avérée pendant le commerce transsaharien. Les Juula soninké assuraient le rôle d’intermédiaire entre les populations septentrionales de l’Afrique du Nord et Sud. Ils occupaient le centre de l’Afrique c’est-à-dire la bande Sahélo-saharienne. De cette position stratégique, les Soninkés ont fini par être maître des réseaux marchands et c’est de cette relation commerciale qu’ils ont embrassé la religion mahométane.
Au tournant du XVIIe siècle, lors que les soninkés sont entrés en contact avec les marchands européens, la direction commerciale change au profit de l’atlantique. C’est ainsi que le fleuve Sénégal devint l’axe principal d’où le commerce se passait désormais. Après l’abolition de l’esclavage, les Français établis au Sénégal, ont entamé des politiques de domination coloniale sous le joug de l’impérialisme. L’axe fluvial continua de jouer le même rôle d’acheminement des produits coloniaux comme durant la traite transatlantique où les esclaves et l’or étaient enviés par les marchands expatriés.
Le développement des produits agricoles coloniaux sur l’hinterland conditionna la mise en place du chemin de fer. Cette situation était un tournant décisif dans le processus de l’abandon de l’axe fluvial au profit de l’intérieur du continent. Depuis lors, les communautés locales profitant des projets coloniaux pour s’enrichir se sont reconverties à des marchandes modernes pour suivre les colons dans les capitales africaines coloniales (Dakar, Abidjan, kinshassa etc.). Depuis l’abandon commercial de l’axe fluvial, aucune intention politique développement n’a été adoptée dans la zone et jusqu’au Sénégal indépendant et à nos jours. Toutefois, toutes les infrastructures villageoises sont l’œuvre des migrants soninké établis dans la diaspora depuis presque un siècle ou au-delà. Les dispensaires, les écoles, les châteaux d’eau, les marchés et les édifices rituelles sont tous construits à travers l’aide apportée par les communautés diasporiquesSoninke. Et pourtant, les populations de Bakel demandent simplement la construction d’une route goudronnée depuis de belles lurettes aux différents gouvernements du Sénégal.
A Bakel, quand les politiciens s’y rendent, c’est pour leur propre compte à la conquête du pouvoir exécutif ou législatif. Les archives audiovisuelles et documentaires prouvent aujourd’hui, le nombre de fois que les hautes autorités étatiques ou les politiciens de renoms ont sillonné cette contrée « désintéressant », c’est par ce que la conquête des pouvoirs (exécutif ou législatif) se pointe à l’horizon. En quoi les promesses électorales depuis le Sénégal post indépendance ont été réalisées ? Qu’en est-il l’état des infrastructures sanitaires, éducatives, agricoles etc.
Nous avons l’orbleu en abondance (fleuve Sénégal), nous avons les terres inhabitées, nous avons le fer d’une quantité inouïe, des montagnes pour l’exploitation des carrières…. Pourtant, nous sommes toujours oubliés par les « hyènes politiques ». Cette fois-ci, le département de Bakel a tenu ses promesses politiques lors de l’exécutif et du législatif, le gouvernement actuel, songeant pour un changement, doit reconsidérer les populations marginalisées du Sénégal oriental. Les populations demandent de revaloriser l’agriculture par ce qu’elles ont l’or bleu en abondance. Les populations demandent des infrastructures pour réduire l’émigration clandestine. Les populations demandent comme priorité de goudronner les pistes latérites de Ballou à Gande, de réédifier les ponts pour fluidifier les mobilités humaines pendant l’hivernage.
Nous vous attendons pour les prochains événements politiques. Les populations sont maintenant conscientes des enjeux politiques et le réveildes consciences est de taille. Alerte d’un jeune originaire de la région pour les éventuels rendez-vous politiques.
Fode Diakho (doctorant en archéologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
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