Migration irrégulière : Mamadou Mignane Diouf insiste sur le processus d’obtention de visa

A l’initiative du mouvement Partenariat pour la Paix et la Prospérité, dirigé par Ndongo Ndiaye, candidat déclaré à la présidentielle sénégalaise de 2024, un panel a été organisé vendredi à Dakar sous le thème : Emigration irrégulière : quels liens avec la situation politique et sociale du pays ?

Le panel a été diversifié et représentatif. La société civile était incarnée par Mamadou Mignane Diouf, coordinateur du Forum Social Sénégalais. Diomma Dramé, journaliste spécialisée en fact-checking à Dialogue migration, tandis que la voix des jeunes était portée par Aissata Ndiaye, une rescapée de l’émigration irrégulière.

Au cours des débats, Mamadou Mignane Diouf, coordinateur du Forum Social Sénégalais a proposé plusieurs solutions pour lutter contre la migration irrégulière, tout en insistant sur le processus d’obtention de visa. « Pour une migration sure et ordonnée, il faut que le visa soit une possibilité pour tout le monde. Pourquoi un jeune européen qui veut venir en Afrique, prend un billet et sac pour y aller, alors qu’on ne peut pas accorder la même chose à un jeune africain », s’est interrogé M. Diouf, évoquant la nécessité de penser au « principe de réciprocité ».

Poursuivant dans sa proposition de solutions à ce phénomène qui emporte beaucoup de jeunes sénégalais, M. Diouf a montré combien il est possible de créer des Petites et moyennes entreprises (PME). Il a donné l’exemple de la vente de foins. « Chaque cheval mange dans la semaine au moins 3 sacs de foins. Le sac de foins coûte 7.000 FCFA. Il faut combien de sacs de foins pour nourrir 15.000 chevaux dans l’année par exemple. Cela fait déjà combien de milliards. Quel État a pensé que c’est une filière d’emploi social possible. Ce n’est pas les possibilités de créer des emplois qui manquent. C’est notre incapacité de gouvernance intellectuelle d’imager quelles sont les filières et pistes d’emplois pour orienter les jeunes ». 

Hormis la vente de foins, M. Diouf a parlé l’importance d’organiser les secteurs de lavage de voitures et de blanchisseries qui se propagent à Dakar. « Tous les jours circulent à Dakar au moins 35.000 voitures qui sont lavées chaque jour où chaque deux jours. Qui a organisé un mécanisme de lavage de voiture dans sa commune appartenant à des jeunes. Personne ne pense à cela. Sans oublier les blanchisseries. Dans la commune de Sicap Derklé par exemple, la mairie peut installer des blanchisseries gérées par des groupes de jeunes de la commune. Ce sont des pistes d’emplois. C’est une petite entreprise », a-t-il expliqué. 

Investir dans l’agriculture peut également être bénéfique pour la jeunesse sénégalaise. Mais M. Diouf pense que tous les chefs d’État en Afrique, dès qu’ils arrivent au pouvoir pensent au 2e mandat. Après certains pensent au 3e mandat. C’est tout ce qui les intéresse. Comment je peux rester pendant deux ou trois mandats. Or, il nous il faut une rééducation professionnelle. 

« Le plus important secteur pourvoyeur d’emplois, c’est l’agriculture. L’agriculture comme on le dit en sociologie, elle est la mère de tous les arts. Quand l’homme a cessé de vivre de cueillette et de chasse, il s’est dirigé vers l’agriculture. Il faut qu’on comprenne que l’agriculture n’est pas un métier déshonorant. C’est pourquoi dans les grands pays développés, les hommes les plus riches, ce sont les agriculteurs et les hommes d’affaires. Ce n’est pas les hommes politiques. Chez nous c’est le contraire. Les agriculteurs sont les plus affamés, ils sont les plus pauvres. C’est quand même paradoxal que celui qui cultive soit le plus affamé », s’est-il étonné. 

Enfin, le coordinateur du Forum Social Sénégalais a encouragé la mise en place d’une initiative sous-régionale dans le domaine du commerce de l’or. « Notre or, on le vent en brute. Vous le trouvez à Dubaï transformé en collier ou en bracelet. Le Mali produit de l’or, le Sénégal, la Guinée, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Burkina et le Niger. Mais pourquoi ces pays ne peuvent pas s’assoir et dire notre production industrielle d’or ne quittera plus l’espace de la CEDEAO sans être transformé. On ne le revendra plus en brute. Cette usine d’or qu’on peut installer à la frontière entre le Mali et le Sénégal ou Burkina et la Côte d’Ivoire, ça va employer des milliers de jeunes ».

Pour sa part, Ndongo Ndiaye a déclaré lors de l’événement: « La jeunesse est le poumon de notre nation, et il est de notre devoir d’écouter, de comprendre et d’agir pour leur offrir un avenir ici, au Sénégal. L’émigration irrégulière n’est pas le problème, mais le symptôme d’une société en quête de solutions ». Quant à la journaliste Diomma Dramé, elle a appelé ses confrères et consœurs a traité la migration de manière positive et à aller en profondeur.

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