Le document Fiducia supplicans, publié le 18 décembre dernier, émanant du Vatican et approuvé par le pape François, autorise désormais, sous certaines conditions, la bénédiction des couples « en situation irrégulière » aux yeux de l’Église catholique, à savoir les divorcés remariés ou les couples homosexuels. Cette annonce a suscité une levée de boucliers sur l’île, qui s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux. Beaucoup y ont vu, à tort, une approbation du mariage homosexuel.
Demander humblement à être béni, qui que l’on soit, c’est désormais possible. L’Église catholique accepte en effet de bénir les couples formés par des personnes de même sexe, en dehors cependant de toute ritualisation et imitation du mariage.
Une précision très importante qui visiblement a été mal comprise ou totalement occultée par la population malagasy, nous explique le père Séraphin Rafanomezantsoa, secrétaire de coordination au sein de la Conférence épiscopale de Madagascar. « Les gens confondent la reconnaissance et l’accueil. Le fait d’accueillir ne cautionne jamais l’homosexualité. La bénédiction dont parle le pape n’est pas une bénédiction de l’union homosexuelle. Il faut être clair là-dessus. Mais l’Église ne peut jamais non plus exclure les personnes homosexuelles. Le pape dit : ces personnes-là, comme toutes personnes, sont fils et fille de Dieu, donc elles méritent la bénédiction. »
Pour l’homme d’Église, il ne s’agit pas là d’une preuve de tolérance, mais plus d’un rappel à l’ordre, dit-il : « un rappel au message de Jésus qui nous demande de s’aimer, de ne jamais exclure – surtout au nom de l’orientation sexuelle, ni de persécuter. »
Un message d’acceptation qui a totalement chamboulé Anthony, catholique pratiquant homosexuel, en couple depuis sept ans. « J’étais très ému. Je suis resté figé quand j’ai compris que c’était vrai. Je ne croyais pas que ca allait arriver un jour. J’étais vraiment très heureux, parce que j’ai déjà pensé à faire ça ici, mais je suis vraiment très heureux, parce que je vais rester dans mon Église, faire ça dans mon église, demander une bénédiction. Je pense que c’est un grand pas. Pour moi, c’est quelque chose d’impossible. Je remercie spécialement le pape… depuis l’arrivée du pape François, j’ai vu que l’Église a vraiment commencé à être plus ouverte. » Anthony et son compagnon comptent demander cette bénédiction. Mais ils disent vouloir attendre d’abord de voir la réaction des évêques et du cardinal malgaches, pour s’assurer que tous emboiteront le pas au message du pape.
Des réactions extrêmement négatives ont fleuri sur les réseaux sociaux ces derniers jours. « Ne quittez pas l’Église à cause d’un seul homme », prévenaient même certains. À Madagascar, si l’homosexualité n’est pas illégale, elle est cependant fermement condamnée par la majorité de la société.
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