Madagascar: fortes tensions à Antananarivo où le collectif de l’opposition avait appelé à un rassemblement

À Madagascar, en fin de matinée, les forces de l’ordre ont dispersé les rassemblements de l’opposition à coups de tirs de grenades lacrymogènes. Au moins une dizaine de blessés ont été recensés parmi lesquels trois journalistes et au moins quatre personnes ont été interpellées. Le collectif des 10 candidats avait annoncé vouloir prendre l’emblématique place du 13 Mai dans la capitale, place de tous les basculements politiques historiques du pays.

Le quadrillage de la place du 13 Mai à Antananarivo était tel qu’il semblait difficile de pouvoir l’approcher. Dès 11h ce samedi matin, une demi-douzaine de quartiers où avaient lieu des rassemblements de partisans pro-collectif et de citoyens – réunis pour partir ensemble du côté de cette place du 13 Mai – ont essuyé systématiquement d’intenses rafales de tirs de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Les barricades dressées ont vite été désertées par les manifestants en fuite.

Nombreux étaient les habitants – comme ceux qui faisaient leur marché – à avoir été piégés dans des quartiers soudainement ciblés par les forces de l’ordre. Les candidats du collectif aperçus dans les manifestations ont enjoint la population à rester déterminée. Pour le collectif des 10, la réussite de ce mouvement, passait par l’occupation de la place du 13 Mai, connue pour avoir fait basculer plusieurs fois l’histoire du pays. « C’est ici que j’ai été renversé en 2009, et c’est là que nous allons le [Andry Rajoelina] renverser » avait promis l’ancien chef de l’État Marc Ravalomanana.

Des propos condamnés par le gouvernement par intérim cette semaine. Dans un communiqué, il pointe une volonté délibérée de « saboter le processus électoral ». Hier, vendredi, les autorités ont multiplié les avertissements, en rappelant le caractère tout à fait illégal du rassemblement.

Le mouvement présidentiel fait la fête

Une tension d’autant plus étonnante, qu’au même moment, dans des quartiers adjacents, la fête battait son plein. C’est là tout le paradoxe de cette campagne électorale. Ce samedi, l’équipe de campagne du président sortant et candidat Andry Rajoelina a organisé, dans différents lieux de la ville, ce qu’ils appellent des « carnavals » : une grosse sono, montée sur un pickup, suivie par une foule munie de drapeaux et vêtue de t-shirts et casquettes aux couleurs du candidat.

Des manifestations qui se sont déroulées en toute quiétude, sans aucun accrochage avec les forces de l’ordre ni entraves de leur part.

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