Loi immigration en France: quelles réactions dans les universités africaines ?

La loi immigration, adoptée ce mardi par le Parlement français, suscite des réactions contrastées sur le continent africain. S’il inquiète les étudiants au Maroc, ce texte qui durcit les conditions d’immigration semble accueilli avec une certaine indifférence à l’université Felix Houphouët-Boigny d’Abidjan.

Loi immigration en France: quelles réactions dans les universités africaines ?

Certains Marocains se demandent ce que le durcissement des conditions d’immigration et de séjour sur le territoire français, voté mardi soir par les parlementaires, pourrait changer pour eux, mais aussi, et surtout, pour les étudiants. Près de 50 000 Marocains ont fait le choix de poursuivre leurs études universitaires en France, première communauté étudiante étrangère dans l’hexagone. Dans le pays, la France fait de moins en moins rêver. Othmane Ghalmi, étudiant en infographie : « Dernièrement, les étudiants se détournent des universités françaises et européennes et préfèrent aller en Chine. Bien plus qu’avant. »

Avec l’adoption de la loi immigration, en s’installant en France, les étudiants étrangers vont devoir payer une caution « de retour » et seront soumis à des quotas. De quoi nuire à l’attractivité des universités françaises, selon un membre du bureau national de la Fédération nationale de l’enseignement au Maroc :  « Cette loi va certainement freiner les rêves et la possibilité des familles pour pouvoir envoyer leurs enfants, les étudiants en général, poursuivre leurs études en France. »

Alaeddine Daoudi est parent de deux enfants scolarisés dans des écoles françaises au Maroc. Lui qui avait pour objectif de leur permettre de poursuivre leurs études en France, commence à douter :  « On entend qu’accueillir des non-Français, des Marocains, des Africains ou autres, c’est quelque chose qui n’est pas forcément bienvenu, mais pour nos enfants qui envisagent de continuer leurs études et peut-être de s’installer en France, je crains que ça ne pourra pas être possible, ou très difficile ». Si les universités françaises risquent de perdre en attractivité dans les prochaines années, le Maroc, quant à lui, souhaite développer ses universités pour garder ses étudiants et attirer ceux d’origine subsaharienne.

En Côte d’Ivoire, les réactions sont inquiètes sans doute, mais bien loin des discussions qui agitent la classe politique française. Ce projet de loi adopté par la France suscite peu de débats à l’université Felix Houphouët-Boigny.

Il y a deux ans, Niama rêvait d’étudier le droit ou la fiscalité en France, mais son projet s’est heurté à une réalité administrative : monter un dossier n’est pas chose aisée. « Il y a tellement de paperasse à réunir, sans oublier aussi la question de la caution. Voilà, il faut avoir un gage là-bas qui soit à même de pouvoir assurer la première période, la période de la venue jusqu’à un moment donné. Ce sont autant d’éléments qui, à un moment donné, créent une certaine hésitation chez tous les souscripteurs, je dirais », relève-t-il.

Sur le campus, la loi immigration adoptée par le Parlement en France suscite une certaine indifférence. Bien loin de ces débats, Mireille, une étudiante en troisième année de lettres modernes, invoque le frein financier :  « Mes parents n’ont pas assez de moyens, donc on va faire avec. Je vais continuer ici, je suis obligée d’abandonner un rêve d’étudier là-bas, puisque je n’ai pas assez de moyens pour ça. »

Projet de loi sous la main, Saint-Clair Allah, secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), exprime son inquiétude : « Si, aujourd’hui, il y a des lois pour restreindre les accès à la connaissance, il y a un problème. Le principe des restrictions nous inquiète ». Se pose enfin la question des débouchés. Ce syndicaliste cite le cas de ces quelque 2 000 titulaires d’un doctorat qui n’ont pas trouvé d’emploi, signe, selon lui, des faibles garanties après de longues études.

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *