Le port de Berbara au centre de l’accord entre l’Éthiopie et le Somaliland

L’accord signé entre l’Éthiopie et le Somaliland « ouvrira la voie à la réalisation de l’Éthiopie à sécuriser son accès à la mer et à diversifier son accès aux ports maritimes » explique un communiqué de la Primature éthiopienne. Cet accord permettrait à Addis Abeba d’acquérir une part du port de Berbera situé sur la cote méridionale du golf d’Aden. Une alternative à la traditionnelle porte de sortie via Djibouti.

Les avantages du corridor de Berbera sont nombreux. Car il s’agit d’une voie qui connecte les régions enclavées du sud éthiopien à la mer, mais cela signifie aussi une structure portuaire avec des temps de transit et des taux de fret concurrentiels. Et de la marge de manœuvre sur les volumes de manutentation, les capacités du port n’étant pas encore atteintes.

Son principal point faible est une route de plus de 900 kilomètres partiellement asphaltée et dans un état très variable. Il y a également des conditions tarifaires et douanières entre l’Éthiopie et le Somaliland peu favorables. Contrairement à Djibouti, qui est par ailleurs rodé par des décennies de relations.

Selon différents experts, le trafic à Djibouti a baissé ces trois dernières années. Un volume que Berbera aurait plus ou moins gagné. Le signal pour Yann Alix délégué général de la fondation Sefacil, spécialiste des questions portuaires africaines, que ce corridor semble cohérent pour les professionnels du secteur et commence à trouver sa clientèle.

La leçon qu’on peut tirer de tout ça, c’est que Berbera vient proposer une solution alternative, mais que Djibouti n’est pas resté les bras ballants. Et qu’avec les intérêts chinois, ça continue de se développer. (…) Je crois que c’est une saine concurrence qui est en train de s’installer sur deux corridors, un ancien et un nouveau.

Car Berbera est un port polyvalent qui a vocation à être le « nouveau centre maritime, logistique et industriel intégré de la Corne de l’Afrique », selon DP World, son gestionnaire, donc également propriétaire de la moitié de ses parts. En prenant sa gestion en 2017, la société émirienne s’est engagée à investir 442 millions de dollars. Elle assure avoir contribué depuis à l’augmentation des volumes de marchandises de 35%.

Des investissements qui ont aussi permis la mise en route d’une zone économique franche en mars 2023 : une zone logistique créée sur le même modèle que le port de Jebel Ali, à Dubaï. Objectif : favoriser le commerce grâce à un guichet unique et à des infrastructures aux mêmes standards.

En 2021, un nouveau terminal conteneur a également été mis en activité. Il est en capacité d’accueillir les plus grands porte-conteneurs en activité actuellement et a permis de multiplier par trois la capacité du port. Dans son communiqué de l’époque, DP World assurait vouloir ainsi favoriser le développement du fret éthiopien.

En 2015, l’Éthiopie faisait en effet savoir qu’elle envisageait de faire transiter 30% de ses importations via le port du Somaliland contre 5% à l’époque. Dans un rapport récent, le centre de réflexion britannique ODI précise que 20% des flux éthiopiens – importations et exportations cumulées – pourraient transiter prochainement par le port de Berbera.

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