Alors que les primaires du camp présidentiel se terminent le 6 septembre pour l’élection de juin 2024, le Mexique pourrait se retrouver avec une tête d’affiche politique exclusivement féminine. Les sondages indiquent que l’ancienne maire de Mexico Claudia Sheinbaun domine largement dans son camp et qu’elle pourrait se retrouver face à la sénatrice Xochitl Galvez, désignée candidate de l’opposition de droite. Un fait exceptionnel dans un pays plutôt sexiste, où dix féminicides ont lieu chaque jour.
Au Mexique, ces prochains jours marqueront le lancement officiel de la campagne présidentielle avec la fin de primaires dans les deux principaux camps politiques. À droite, l’opposition désigne officiellement sa candidate ce dimanche et le parti Morena du gouvernement plutôt à gauche devrait officialiser le/la gagnante mercredi 6 au terme d’un sondage national, rapporte notre correspondante, Gwendolina Duval.
Cela fait déjà plusieurs mois que de chaque côté de l’échiquier, les aspirants à la présidence s’affrontent sur la scène politique pour séduire l’opinion publique. L’élection est prévue dans un peu moins d’un an, en juin 2024. Elle devra désigner celui qui succédera au président actuel : Andrès Manuel Lopéz Obrador à la fin de son mandat unique, et cette fois-ci selon toutes probabilités les têtes d’affiche seront des femmes.
C’est assez exceptionnel au Mexique : jamais les femmes n’ont été aussi proches de la présidence. Tant à gauche qu’à droite. Face à la candidate de l’opposition Xochitl Galvez, ce sera très probablement Claudia Sheinbaum, l’ex-maire de Mexico qui remportera mercredi l’investiture pour le parti Morena. Les sondages la montrent très en avance parmi les sympathisants du parti devant l’ex-ministre des affaires étrangères, Marcelo Ebrard. Il a démissionné en juin pour se présenter à la primaire.
À droite, dans l’opposition c’est déjà décidé : c’est Xochitl Galvez qui part pour la course. La sénatrice du PAN – Parti Action Nationale, est investie officiellement ce dimanche à Mexico. Après désistement de sa principale rivale, Beatriz Paredes, la semaine dernière, elle s’est retrouvée seule candidate à droite et par conséquent a rendu caduc le processus de sélection de la primaire.
Tête de turc du président, la candidate de l’opposition Xochitl Alvez capitalise sur ses attaques
Dans tous les cas, elle était extrêmement bien placée comme étant la candidate favorite de l’opposition. Elle rassemble un très large front à droite – Frente Amplio por Mexico, c’est le nom du mouvement de l’opposition. Il regroupe les trois partis traditionnels de la droite : le PAN, le PRI et le PRD. Leur objectif est clairement de contrer le parti présidentiel et ramener leur camp au pouvoir comme cela a été le cas avant l’arrivée de Morena.
La sénatrice Xochitl Galvez est depuis des semaines la tête de turc du président AMLO, qui la prend régulièrement pour cible dans ses fameuses conférences de presse matinale ; c’est loin de la desservir dans la campagne.
Aux cris de « présidente, présidente », les élus conservateurs du Sénat laissaient passer la nouvelle championne du camp conservateur qui s’apprêtait à tirer à boulets rouge à la tribune contre le parti au pouvoir et son bilan économique, vendredi 2 septembre :
« Nous savons que le Mexique non seulement ne se porte pas mieux, mais que beaucoup de choses ont empiré. Nous avons besoin d’une présidente qui assume ses responsabilités. »
Chasuble traditionnelle sur le dos pour souligner ses origines indigènes, et avec son phrasé populaire, elle aime aussi rappeler ses origines modestes : la femme d’affaires à succès est désormais la figure de la droite conservatrice.
Mais pour le président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, tout cela n’est qu’à des fins électoralistes, a-t-il dit dans sa conférence de presse quotidienne : « Elle fait partie des conservateurs. Pourquoi ont-ils choisi madame Xochitl ? Ils imaginent que comme elle est née dans un village, ça leur assure le soutien du peuple. »
Loin de la desservir, ces attaques lui font de la publicité et elle y répond volontiers : « C’est un petit macho qui vit au palais présidentiel. Mais il verra bien qu’aucun homme ne m’a mise là où je suis, il ne reconnait pas que des femmes soient capables d’y arriver par leur talent. »
Face à sa possible rivale du camp présidentiel Claudia Sheinbaum, Xochitl Galvez joue à fond la carte féminine. Elle promet « d’avoir les ovaires » pour lutter contre la narcoviolence au Mexique et invite ses partisans à se muer en une marée rose pour envahir les rues de Mexico dimanche 3 septembre afin de la soutenir.
Claudia Sheinbaum, l’héritière d’AMLO
C’est clairement dans la continuité du gouvernement et du mouvement initié par Andrès Manuel Lopez Obrador, que s’inscrit par contre Claudia Sheinbaum. Elle est la favorite et la protégée du président. En tant que maire de Mexico elle a décliné sa politique localement et s’inscrit tout comme lui dans une ligne sociale. Dans ses meetings, elle promet de continuer dans la même direction et espère profiter de sa forte popularité auprès des Mexicains (autour de 70% d’opinions favorables selon des sondages).
Dans un pays machiste comme le Mexique avec un taux de criminalité énorme envers les femmes et plus de 10 féminicides par jours, le fait d’avoir deux femmes en tête de la course pour la présidentielle c’est clairement un point crucial dans cette campagne et qui donnera un caractère tout particulier à cette élection.
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