Dans un pas de plus pour la reconnaissance de la communauté berbère au Maroc, le Nouvel an amazigh est désormais un jour férié national officiel et payé au Maroc, dans une décision prise par le roi Mohamed VI, jeudi 4 mai. Le Nouvel an berbère, Yennayer, est chaque année célébré le 13 janvier, mais il n’était jusqu’à alors par reconnu officiellement.
Cela faisait des années que les militants réclamaient cette décision : dans un pays qui compte la plus importante communauté berbère en Afrique du Nord, faire de Yennayer un jour de fête nationale férié et payé, c’est « l’aboutissement d’un long combat », a réagi Adil Adaskou, président de l’association des jeunes amazigh de Tamesna :
« On a vu que les festivités pour le Nouvel an amazigh avaient lieu dans tout le royaume. Il est donc normal que l’institution royale prenne cette décision. Même si nous avons dû attendre longtemps avant qu’elle ne soit prise. Et c’est une décision historique, elle prouve que la trajectoire des politiques menées dans notre pays a changé. »
Selon le dernier recensement de 2014, un quart de la population marocaine parle Tamazight, la langue berbère. Ce chiffre est contesté par les militants, qui estiment que près de la moitié de la population parle la langue.
En 2011, le Tamazight est inscrit dans la Constitution comme une langue officielle, mais il a fallu attendre 2019 pour l’adoption d’une loi officialisant la langue. Depuis, elle est enseignée dans de nombreuses écoles du royaume et la reconnaissance de la communauté berbère et de sa culture comme une composante essentielle de l’identité marocaine s’est encore accélérée en 2021 : Aziz Akhannouch, chef du gouvernement d’origine berbère, a alors pris ses fonctions.
« Reste l’interrogation » de « la capacité d’absorption de la foi amazigh »
En janvier 2023, la langue amazighe est devenue une condition d’octroi de la nationalité marocaine au même titre que l’arabe. Le budget de cette année consacre 300 millions de dirhams pour améliorer la visibilité et la présence de la langue tamazight dans l’espace public.
Pour Mustapha Sehimi, politologue marocain et professeur de droit à l’université Mohammed V de Rabat, cette décision est plus qu’un acte symbolique : « C’est un processus que j’appellerais de patrimonialisation de la culture marocaine et de l’identité marocaine. Reste la dernière interrogation : la capacité d’absorption de la foi amazigh dans la vie sociale et de la vie citoyenne. Cela est un défi que, je pense, se pose pour tous les citoyens marocains. »
Partager