Le gouvernement israélien divisé sur la poursuite ou l’arrêt de l’aide humanitaire à Gaza

Alors qu’Israël multiplie toujours, ce mercredi 27 décembre, les frappes aériennes contre ses cibles, les dissensions au sein du gouvernement israélien se poursuivent. Mardi soir, plusieurs ministres ont exigé l’arrêt de l’aide humanitaire pour Gaza, ou du moins sa réduction de manière considérable.

Ce qu’il faut retenir :
 
■ Les dissensions au sein du gouvernement israélien se poursuivent. Mardi soir, lors d’une réunion du cabinet de sécurité, elles concernaient notamment l’arrêt de l’aide humanitaire pour Gaza, ou du moins sa réduction de manière considérable, mais aussi les transferts de crédits vers les colonies de peuplement ou encore la suppression pure et simple de ministères jugés inutiles en cette période de guerre.
 
■ L’armée israélienne a multiplié les frappes ce mercredi 27 décembre. Le camp de Nur Shams a été visé ; le bilan provisoire est de six morts et de nombreux blessés.
 
■ Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a affirmé mardi que la guerre « durera encore de nombreux mois ».
 
■ Après une visite à Gaza, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a annoncé une intensification des combats et a estimé que la paix ne sera obtenue que si Gaza est « démilitarisée » et « déradicalisée ».
 
■ Le ministère de la Santé du Hamas palestinien a annoncé, mardi 26 décembre, que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 20 915 morts depuis le début de la guerre, le 7 octobre, et plus de 54 918 blessés. 1 140 personnes ont été tuées lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre, selon les données fournies par le gouvernement israélien. L’armée israélienne a affirmé jeudi avoir tué plus de 2 000 combattants palestiniens depuis la fin de la trêve début décembre.
 
Informations données en temps universel (Paris+1)
 
Juliette Touma, directrice de la communication de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, évoque la situation sanitaire à laquelle sont confrontés les Palestiniens et parle d’« un sanitaire pour 400 personnes », « plus de 100 000 personnes victimes de diarrhée » ou encore de nombreuses personnes présentant des problèmes respiratoires. Des maladies qui se propagent plus rapidement dans des conditions d’hygiène réduites au minimum, voire inexistantes.
 
 « Les attaques israéliennes sans fondement contre les Nations unies ne font que prouver une lâcheté morale », déclare la rapporteuse des Nations unies
 
La rapporteuse des Nations unies, Francesca Albanese, a décalré concernant la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens que « les attaques israéliennes sans fondement contre les Nations Unies ne font que prouver une lâcheté morale ». Elle a ensuite ajouté dans un communiqué, après la déclaration du ministre israélien des Affaires étrangères de ne pas renouveler les visas des employés de l’ONU que « les Nations unies ont été affaiblies par des décennies d’impunité pour les violations du droit international, y compris la colonisation des territoires palestiniens occupés et les déplacements forcés ».
 
Elle a également déclaré que « les Nations unies doivent tenir Israël pour responsable s’il veut sauver sa réputation et son objectif », soulignant que « personne ne peut être libre si tout le monde n’est pas libre ». La rapporteuse de l’ONU a appelé à un cessez-le-feu, à la libération des otages et des détenus palestiniens, à une protection totale, à la reconstruction, à la fin de l’occupation et à la justice.
 
Au moins 200 attaques menées par l’armée israélienne sur les dernières 24 heures
 
L’armée israélienne a déclaré sur son site internet avoir mené 200 attaques ciblées sur Gaza, depuis les airs et la mer, durant les dernières 24 heures. Plusieurs villes du sud ont été ciblées, dont Khan Younès, et Rafah.
 
Le camp de réfugiés de Dheisheh à Bethléem, a notamment été pris pour cible et l’attaque a fait plusieurs blessés, rapporte l’agence de presse palestinienne Wafa. Et une attaque sur une école de Gaza dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi a fait au moins cinq morts et de nombreux blessés.
Au Liban, une frappe israélienne fait au moins trois morts
 
Une femme et deux hommes ont été tués dans une frappe aérienne israélienne dans une ville frontalière du sud du Liban, où les affrontements sont quotidiens entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, a indiqué un média d’État mercredi. « Des avions ennemis ont mené un raid (..) sur une habitation (..) dans le centre de Bint Jbeil », à environ deux kilomètres de la frontière avec Israël, a indiqué l’Agence nationale d’information (ANI).
 
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les affrontements sont quotidiens entre Israël et le puissant groupe libanais Hezbollah. Ils ont fait près de 160 morts du côté libanais, dont plus d’une centaine de combattants du Hezbollah, qui dit agir en soutien au Hamas. Mardi, le Hezbollah a déploré deux nouveaux « martyrs » dans ses rangs. Du côté israélien de la frontière, au moins treize personnes ont été tuées, dont neuf soldats.
 
Les affrontements sont largement limités aux zones frontalières, mais Israël a mené des frappes plus en profondeur, jusqu’à une vingtaine de kilomètres de la frontière, au cours des derniers jours. Israël réclame que le Hezbollah, qui ne dispose pas de positions fixes dans la zone frontalière, se retire au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord
 
Les femmes de soldats réservistes israéliens interpellent le gouvernement pour des garanties et des aides
 
Les soldats réservistes israéliens ont reçu des compensations financières en quittant leur travail pour aller combattre, mais ce n’est pas le cas de leurs épouses, qui se retrouvent seules à la maison avec leurs enfants.
 
Elles sont 4 000 femmes de soldats réservistes à avoir rejoint l’association lancée par la juriste Sapir Bloser, elle-même compagne d’un militaire, expliquent nos envoyés spéciaux à Jérusalem, Hajera Mohammad et Éric Audra. Elles interpellent ensemble leur gouvernement : « Nous demandons trois choses. La première, c’est une compensation financière. La deuxième, la protection de l’emploi, car malheureusement, on a certaines femmes qui ont été mises en congé sans solde ou licenciées. Et la troisième, c’est de l’aide psychologique. »
 
Face à la colère qui monte, le porte-parole de l’armée israélienne a reconnu, en début de semaine, le fardeau supporté par ces familles et assure que le gouvernement va travailler sur un système de compensation pour les soutenir.
 
 L’intensification des combats dans l’ensemble de la Bande de Gaza et les dissensions politiques au sein du gouvernement israélien
 
Après le nord et le sud, l’objectif est maintenant le centre de la bande de Gaza rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. L’armée israélienne a intimé l’ordre aux habitants de Deir al Balah et les camps de réfugiés de Nuseirat et de Maghazi d’évacuer. Le secteur d’al-Bureij est particulièrement visé. Mais les combats, à pleine intensité, se poursuivent sur l’ensemble de l’enclave palestinienne.
 
Le chef d’état-major israélien Herzi Halevi souligne que la guerre va se poursuivre pendant des mois encore. Et il ajoute : « Nous sommes extrêmement déterminés. » Selon les médias israéliens, les prévisions de l’armée, pourrait se prolonger pendant un an, sous des formes et des intensités diverses. Ce mercredi matin, le porte-parole de l’armée annonce la mort de trois autres soldats israéliens. En tout, 161 depuis le début de l’offensive terrestre. Un sujet très sensible pour les israéliens.
 
Au-delà des combats, les dissensions au sein du gouvernement israélien se poursuivent. Mardi soir, lors de la réunion du cabinet de sécurité, les ministres Ben Gvir et Bezalel Smotrich ont exigé l’arrêt de l’aide humanitaire pour Gaza, ou du moins sa réduction de manière considérable. Il y a également eu des frictions aussi autour de nominations politiques, et de transferts de crédits vers les colonies de peuplement. La suppression pure et simple de ministères jugés inutiles en cette période de guerre était aussi sur la table. Le gouvernement israélien est en risque permanent d’implosion. Ce qui le maintient en place, c’est Benyamin Netanyahu qui a besoin de cette coalition.
 
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Ocha) et le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) déplorent le manque de sécurité et la coupure des réseaux télécoms
 
L’Ocha pointe du doigt un manque de sécurité pour les équipes sur place qui ne peuvent pas mener leurs opérations de secours à bien.
 
Il en va de même pour le Croissant-Rouge palestinien qui ne peut plus entrer en communication avec ses équipes se trouvant dans la bande de Gaza dû à la coupure des communications fixes et internet survenues mardi.
Le président Cubain, Miguel Diaz-Canel, dénonce les attaques d’Israël et le « génocide »des Palestiniens
 
Le président cubain s’est exprimé sur la guerre entre Israël et le Hamas sur X. Il accuse ainsi l’armée israélienne de perpétrer un génocide et se demande combien de temps Israël va jouir d’impunité pour les crimes qu’il commet.
 
« Le génocide commis par l’État terroriste d’Israël sur Gaza est une humiliation pour toute l’humanité », a-t-il écrit sur le réseau social. Le président cubain a également dit que « Cuba ne serait jamais du côté de l’indifférence et qu’il élèvera la voix pour la Palestine autant qu’il le faudra ».
 
L’hôpital Nasser de Khan Younès en proie au chaos
 
Alors qu’Israël dit vouloir intensifier l’opération dans les heures ou les jours qui viennent et que la situation est déjà catastrophique, la bande de Gaza est toujours inaccessible. À l’hôpital Nasser, chaque jour, c’est un défilé d’ambulance et de blessés, rapporte notre correspondante à Ramallah, Alice Froussard. Une jeune Gazaouie sur place décrit le chaos et les dizaines de personnes blessées à même le sol et les médecins qui essaient de les soigner.

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