L’armée américaine a mené de nouvelles frappes contre les rebelles Houthis au Yémen

L’armée israélienne poursuit samedi 13 janvier ses opérations dans la bande de Gaza, confrontée à une nouvelle coupure complète des télécommunications, alors que la guerre entre Israël et le Hamas s’est déplacée depuis vendredi en partie au Yémen, où les forces américaines et britanniques ont mené des frappes contre les rebelles yéménites Houthis qui menacent le transport maritime en mer Rouge.

■ L’armée américaine a mené samedi de nouvelles frappes contre des sites des rebelles Houthis au Yémen après que ces derniers eurent renchéri dans leurs menaces contre le trafic maritime international en mer Rouge. Tôt vendredi, des frappes américaines et britanniques avaient visé des sites militaires tenus par les Houthis.

■ Sur le terrain, dans la nuit de vendredi à samedi, les bombardements se sont poursuivis à Gaza selon des témoins, alors que l’ONU accuse l’armée israélienne de limiter l’approvisionnement en carburant, en particulier pour des hôpitaux. Les services de télécommunications ont été totalement coupés.

■ Des audiences inédites ont eu lieu, jeudi et vendredi, devant la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ), aux Pays-Bas. L’Afrique du Sud avait saisi le mois dernier cet organe judiciaire des Nations unies pour lui demander de statuer sur d’éventuels actes de « génocide » de la part d’Israël dans la bande de Gaza. Devant la CIJ, Israël s’est défendu d’une telle accusation qu’elle a qualifiée de « totalement dénaturée » et de « malveillante ».

■ Selon un bilan annoncé ce vendredi 12 janvier par le ministère de la Santé du Hamas, 23 708 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Les morts sont en majorité des femmes, des adolescents et des enfants. On dénombre plus de 60 000 blessés. Après près de 100 jours de guerre à Gaza, plus de 10 000 enfants – soit 1% de la population infantile totale de la bande de Gaza – ont été tués, selon un nouveau rapport de Save The Children.

La bande de Gaza toujours sous des frappes incessantes

Des dizaines de personnes ont été tuées en quelques heures dans le sud de la bande de Gaza vendredi, rapporte notre envoyée spéciale à Jérusalem, Murielle Paradon. Des journalistes sur place décrivent des frappes incessantes. Alors que dans le centre du territoire palestinien, des centaines de milliers de personnes s’entassent dans des abris de fortune, luttant contre le froid et la faim. La situation humanitaire est désastreuse.

Les organisations internationales peinent à entrer dans Gaza. Si l’OMS dit avoir réussi à apporter du matériel médical à l’hôpital al-Chifa, l’Ocha, l’organisme onusien chargé des affaires humanitaires, accuse Israël de bloquer systématiquement ses convois d’aide dans le nord du territoire palestinien.

La population est à bout. Des vidéos montrant des victimes sorties dans la panique des décombres de bâtiments bombardés, ont été postées sur les réseaux sociaux. Avant que les communications téléphoniques et internet aient été à nouveau coupées.

Israël n’a pas apporté toutes les réponses à la Cour internationale de justice, selon un spécialiste

Vendredi, Israël s’est défendu devant la Cour internationale de justice (CIJ) des accusations« d’actes génocidaires » pour lesquelles l’Afrique du Sud a saisi cet organe judiciaire des Nations unies. Alors que Pretoria accuse Israël d’avoir « franchi une ligne rouge » dans sa réponse aux attaques du 7 octobre perpétrées par le Hamas sur le territoire israélien, Israël a plaidé la « légitime défense », diffusant des images des assauts meurtriers du mouvement islamiste.

Pour Johann Soufi, avocat spécialiste du droit international et ancien chef du bureau juridique de l’agence des Nations unies, la plaidoirie d’Israël était solide. Mais elle n’a pas apporté de réponse à l’ensemble des faits soulevés par l’Afrique du Sud. « Il y a eu, j’ai l’impression, une volonté israélienne de montrer une forme de respect du droit international humanitaire, notamment en prévenant les civils et en autorisant, même de manière partielle, l’accès de l’aide humanitaire, analyse-t-il au micro de Guilhem Delteil. Mais, effectivement, il y a certains des arguments de l’Afrique du Sud auxquels il n’a pas été apporté de réponses. Je pense notamment à l’absence de poursuite des auteurs de discours qui pourraient être considérés comme une incitation au génocide. Et ensuite, sur l’absence de réponse sur les conséquences et les effets directs des discours incendiaires des responsables israéliens sur les opérations militaires sur le terrain à Gaza. On se rappelle notamment une vidéo assez forte, durant laquelle on voyait des soldats israéliens qui chantaient la destruction de Gaza en disant qu’il n’y avait pas de civils à Gaza. Donc, effectivement, sur ces points particuliers, il n’y a pas eu, aujourd’hui, de réponses de la part de la défense israélienne. »

La CIJ ne se prononcera pas sur le fond dans un premier temps, mais sur d’éventuelles mesures conservatoires visant à prévenir un génocide. Elle pourrait par exemple ordonner à Israël de cesser ses opérations militaires à Gaza. Son ordonnance est attendue dans les prochaines semaines.

L’armée israélienne a tué trois assaillants après l’attaque d’une colonie en Cisjordanie

L’armée israélienne a indiqué avoir tué trois assaillants vendredi soir ayant perpétré une attaque contre la colonie juive d’Adora en Cisjordanie occupée. Des assaillants ont pénétré dans la colonie située à une vingtaine de kilomètres de Hébron, grande ville du sud de la Cisjordanie, et ont ouvert le feu sur des soldats en patrouille, a indiqué l’armée dans un communiqué.

Alors que les habitants de cette colonie avaient reçu un message d’alerte des autorités les sommant de rester chez eux en raison d’une « infiltration terroriste », les « trois assaillants ont été identifiés et neutralisés par les forces de sécurité », a ajouté l’armée.

Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a confirmé le décès de ces trois personnes, tandis que l’agence palestinienne Wafa les a identifiés comme étant un jeune de 19 ans et deux adolescents de 16 ans de la famille Abou Jahisha.

La situation sur le terrain au 99e jour du conflit

Sur le terrain, dans la nuit de vendredi à samedi, les bombardements se sont poursuivis à Gaza selon des témoins, rapporte l’Agence France-presse, alors que l’ONU accuse l’armée israélienne de limiter l’approvisionnement en carburant, en particulier pour des hôpitaux.

« Nous avons le regret d’annoncer la coupure totale des communications et des services internet à Gaza après que la partie israélienne a débranché les serveurs », a affirmé vendredi dans un communiqué l’opérateur palestinien Paltel.

De telles coupures ont déjà eu lieu dans le territoire palestinien depuis le début des hostilités et, à chaque fois, les secouristes se plaignent des impacts pour la coordination des services d’urgence. « La communication avec nos équipes à Gaza a été complètement coupée », a d’ailleurs déploré le Croissant-Rouge palestinien.

Le manque de carburant a entraîné l’arrêt du principal générateur de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah, selon une source au ministère de la Santé du Hamas. « Nous craignons la mort de patients et d’enfants en soins intensifs et dans les [services] pédiatriques », a indiqué le bureau des médias du Hamas

Le Conseil de sécurité de l’ONU divisé après les frappes sur le Yémen

À l’annonce des tirs américains et britanniques vendredi, la Russie a immédiatement demandé la convocation du Conseil de sécurité et elle a dénoncé vendredi une « agression brutale » contre un pays souverain, le Yémen. Moscou les accuse aussi de faire basculer le conflit à Gaza dans une autre dimension, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.

De leur côté, Londres et Washington ont défendu la légalité de leurs frappes, estimant que leurs mises en garde avaient été assez nombreuses depuis novembre dernier et que les Houthis ne s’étaient pas calmés malgré la demande officielle du Conseil de sécurité il y a trois jours. Comme son homologue américaine, l’ambassadrice britannique a affirmé que la coalition a agi en autodéfense, dans des « limites nécessaires et proportionnées ».

Mais les deux pays ont eu du mal à convaincre certains membres du Conseil qui craignent que cela ne sape le processus de paix qui était en bonne voie après neuf ans de guerre au Yémen. La Chine a estimé que c’était irresponsable. La Suisse a rappelé que pour respecter la loi internationale, les tirs devaient se borner à protéger les navires au moment des attaques.

De son côté, le secrétaire général Antonio Guterres a appelé « toutes les parties concernées à éviter une escalade […] dans l’intérêt de la paix et de la stabilité en mer Rouge et dans l’ensemble de la région », selon son porte-parole Stéphane Dujarric.

Washington a donc fait fi de ces critiques en procédant à une nouvelle salve de frappes cette nuit.

Washington a annoncé vendredi soir avoir mené une frappe contre les rebelles yéménites Houthis, au lendemain de bombardements américains et britanniques contre des sites de ce mouvement accusé de menacer le trafic maritime international en mer Rouge. « Les forces américaines ont conduit une frappe contre un site radar au Yémen » vers 3h45 locales samedi (00h45 TU), a rapporté le Commandement militaire central des États-Unis (Centcom) dans un communiqué.

La chaîne des rebelles Houthis al-Masirah avait fait état plus tôt de frappes américaines sur au moins un site de la capitale Sanaa.

Tôt vendredi, des frappes américaines et britanniques avaient visé des sites militaires tenus par les Houthis, qui contrôlent de vastes régions du Yémen, dont la capitale Sanaa, relançant les craintes d’un débordement régional de la guerre à Gaza déclenchée par l’attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Le président américain Joe Biden avait menacé les Houthis d’autres frappes sur des positions de ces rebelles si ces derniers ne mettaient pas un terme à leurs tirs en mer Rouge. Or, après les frappes britanniques et américaines de vendredi, les Houthis ont tiré « au moins un missile » qui n’a cependant touché aucun navire, a indiqué l’armée américaine avant les frappes de samedi matin.

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