Joe Biden est arrivé mercredi pour une visite de solidarité en Israël, au douzième jour de la guerre avec le Hamas. Le président américain a cependant dû renoncer à se rendre aussi en Jordanie après l’annulation du sommet d’urgence qui devait s’y tenir avec les dirigeants jordanien, égyptien et palestinien. Un coup dur pour les États-Unis dont l’objectif affiché était de discuter des répercussions du conflit dans la région.
Le président américain Joe Biden a entamé mercredi 18 octobre une visite de solidarité en Israël, lors de laquelle il a assuré qu’il travaillerait avec Israël pour éviter « davantage de tragédie » aux civils, au douzième jour d’une guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza ayant fait des milliers de morts.
Le démocrate de 80 ans, en annonçant son déplacement, faisait un pari immense : celui d’arriver à se présenter à la fois comme le garant de la sécurité d’Israël, comme le meilleur espoir des civils palestiniens, et comme un rempart face aux risques d’escalade régionale.
Mais cette quête d’équilibre a volé en éclats avant même son départ. En cause, le bombardement mardi de l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, qui a fait entre 200 et 500 morts selon les autorités.
La fin du dialogue avec les pays arabes ?
Ce nouveau drame a conduit la Jordanie à annuler le sommet d’urgence auquel devait participer Joe Biden avec le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Selon Matthieu Mabin, correspondant de France 24 à Washington, « si le président américain ne trouve pas d’autre interlocuteur que le Premier ministre israélien une fois arrivé à Tel Aviv, sa présence ne fera que mettre en exergue la fin du dialogue avec les acteurs arabes de la région. Précisément ce que les États-Unis voulaient éviter. »
Sans aucune rencontre avec des dirigeants arabes lors de sa visite, il sera difficile pour le président américain de jouer un rôle de médiateur au Moyen-Orient. John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a assuré qu’il s’était agi d’une décision « mutuelle », et indiqué que Joe Biden appellerait le dirigeant palestinien et le président égyptien dans l’avion du retour, mercredi soir.
Joe Biden a pourtant maintenu son voyage, sous très haute sécurité, parce qu’il veut poser des « questions difficiles » à Israël, selon John Kirby. Dès son arrivée, il a soutenu la version des autorités israéliennes imputant la frappe dans un hôpital de Gaza à des combattants palestiniens.
Après sa rencontre à huis clos avec Benjamin Netanyahu, Joe Biden a ainsi assuré qu’il travaillerait avec Israël pour éviter « davantage de tragédie » aux civils. « Nous continuerons de travailler avec vous et nos partenaires à travers la région pour éviter davantage de tragédie aux civils innocents », a-t-il déclaré. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à ses côtés, a affirmé que son pays « fera tout ce qu’il peut » pour épargner les civils.
Joe Biden doit également s’entretenir avec des ambulanciers et des secouristes et rencontrer des familles de victimes de l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.
Une visite à haut risque
Arrivé à Israël dans un contexte difficile, le président américain doit également assurer sa propre sécurité. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui s’est rendu en Israël quelques jours plus tôt, « a dû se réfugier dans un bunker avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour se protéger des tirs [de roquettes depuis la bande de Gaza, NDLR] « , rappelle notre chroniqueuse internationale Armelle Charrier. « On imagine que la sécurité est à son maximum pour assurer que le président américain ne soit pas touché. »
La visite est scrutée de très près à travers le monde. Alors que The New York Times évoque un voyage « courageux » même pour un président « bénéficiant d’un dispositif de sécurité aussi considérable », le Washington Post prévient que cette visite comporte des risques « à la fois pour la politique américaine et pour l’héritage politique de Joe Biden », qui a promis de mettre fin aux « guerres éternelles ».
Joe Biden prend le risque, aussi, de rentrer les mains vides, sans promesse du gouvernement israélien de laisser rentrer de l’aide humanitaire à Gaza, sans réponses pour les familles des ressortissants américains retenus en otage par le Hamas, dont le nombre exact n’est pas connu.
Mais « les États-Unis arment beaucoup Israël », rappelle Armelle Charrier. « Le pays a la capacité de produire ses propres armes mais il lui faut l’appui des États-Unis car c’est un petit État. »
Envoi de deux portes-avions
En se rendant dans la région, le chef de la plus puissante armée du monde teste aussi sa capacité de dissuasion face au Hezbollah, et donc face à l’Iran. Washington a déployé deux porte-avions en Méditerranée orientale « pour dissuader les actions hostiles contre Israël », selon le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.
« Pour protéger Israël de n’importe quelle frappe, il y a 100 aéronefs américains qui peuvent décoller à tout instant et 2 500 soldats supplémentaires », rappelle Armelle Charrier.
Mais les États-Unis, qui sont déjà le principal soutien de l’Ukraine et qui veulent conserver des ressources stratégiques pour tenir tête à la Chine, ne veulent pas que le conflit s’étende. D’autant plus que Joe Biden n’est pas entièrement maître de la situation : tout déploiement supplémentaire majeur d’aide à Israël doit être validé par le Congrès américain. Or, ce dernier est actuellement paralysé par la droite dure qui tente d’imposer l’un des siens à la tête de la Chambre des représentants.
Avec AFP
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