Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 30 juillet 2024, à l’unanimité de ses membres, une résolution dans laquelle il décide de lever l’embargo sur les armes à la République centrafricaine. Celui avait été imposé en 2013 après le début de la guerre civile, puis avait été modifié et reconduit en 2023. Les armes à destination de l’armée restaient soumises à obligation de déclaration. Bangui salue désormais une « victoire diplomatique » qui met fin à une « terrible injustice ».
La satisfaction des autorités de la République centrafricaine (RCA) est exprimée par Sylvie Baipo Temon, la ministre des Affaires étrangères qui parle de « fierté et de satisfaction », en évoquant un résultat « heureux, fruit d’un travail de longue haleine » durant lequel la RCA a dû batailler pour recouvrer un « droit essentiel à sa souveraineté ». C’était en effet une revendication récurrente des autorités centrafricaines. Pourtant, au fil des ans, l’embargo avait été assoupli.
Depuis 2022, les autorités n’avaient plus qu’à signaler les achats d’armes au comité de suivi. Une sorte de droit de regard qui contrariait Bangui. La Centrafrique disait perdre par conséquent l’avantage face aux groupes armés en possession d’armes de plus en plus sophistiquées, selon la RCA.
« C’est davantage une victoire symbolique pour le président Touadéra »
Pour Enrica Picco, directrice Afrique centrale d’International Crisis Group, cette « levée totale d’embargo ne change pas grand-chose » pour Bangui qui pouvait déjà acheter les armes souhaitées depuis plusieurs mois, quoique soumis à un régime déclaratif. « C’est davantage une victoire symbolique pour le président Faustin-Archange Touadéra, aidée en cela par le réchauffement entrevu depuis six mois des relations entre Paris et Bangui, mais aussi par la non-opposition, pour une fois, des cinq puissances titulaires du Conseil de sécurité, dont aucune n’a exercé un véto sur cette décision », souligne-t-elle.
Bien que réduites aux zones reculées et périphériques, les rébellions centrafricaines continuent de mener des actions de guérilla contre l’armée nationale et ses supplétifs russes issus de l’ex-groupe Wagner. Ceux-ci qui exploitent des ressources naturelles en échange d’un appui militaire et logistique.
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