Au Kenya, le président William Ruto a tenu lundi 24 juin une courte cérémonie pour le départ d’un premier bataillon en Haïti, qui a quitté Nairobi pour Port-au-Prince peu après. Depuis octobre, le Kenya dispose du feu vert des Nations unies pour mener une mission multinationale dans l’île caribéenne, afin de lutter contre les gangs armés qui paralysent le pays. Sur 1 000 membres de forces de sécurité que le pays est-africain enverra, le premier contingent concerne 400 recrues.
Ils sont enfin dans l’avion : le premier contingent de policiers kényans de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti a quitté Nairobi, ce 24 juin 2024 dans la nuit, souligne notre correspondante, Gaëlle Laleix. Une MMAS, prévue pour une durée initiale d’un an (jusqu’en octobre 2024), à laquelle doivent également contribuer le Bénin, le Tchad, mais aussi le Bangladesh, les Bahamas ou la Barbade.
Depuis octobre 2023, le Kenya dispose du feu vert des Nations unies pour mener une opération là-bas, afin de lutter contre les gangs armés, qui contrôlent 80% de la zone métropolitaine de la capitale haïtienne.
Au total, Nairobi doit y envoyer 1 000 policiers. Après de nombreux faux départs, c’est enfin chose faite : 400 policiers ont donc embarqué lundi soir, direction Port-au-Prince.
Un peu plus tôt, une cérémonie de remise du drapeau national s’est tenue à l’Académie de police d’Embakasi, à Nairobi.
Le président kényan, William Ruto, a alors rappelé à ses hommes « leur responsabilité » et l’importance de « respecter les droits humains » dans cette lourde tâche de lutter contre les gangs armés en Haïti.
Lundi, lors de la cérémonie, un des commandants de ce déploiement a assuré que ses hommes étaient prêts. Ils s’entrainent pour cette mission depuis octobre.
Selon une source proche de la police, 400 autres officiers devraient rejoindre le premier contingent dans deux semaines. Le matériel quant à lui a déjà été acheminé à Port-au-Prince.
L’opposition kényane ne désarme pas
Si l’initiative de Nairobi est soutenue par le président américain Joe Biden qui parle d’un « effort historique en faveur de la police nationale haïtienne », Human Rights Watch (HRW) et plusieurs autres ONG de défense des droits humains ont rappelé qu’à plusieurs reprises la police kényane a été accusée d’avoir fait un usage excessif de la force et d’avoir perpétré des exécutions extrajudiciaires.
La semaine passée encore, deux personnes ont trouvé la mort dans la répression de manifestations contre la loi de finances.
Le déploiement de ces policiers kényans avait été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU mais cette décision a immédiatement fait réagir l’opposition locale.
Et c’est via les tribunaux que les opposants au président Ruto tentent de la court-circuiter. Le 26 janvier, un tribunal kényan avait par exemple jugé que le gouvernement ne pouvait envoyer des policiers à l’étranger sans un accord international préalable. Nairobi avait alors, dans la foulée, signé un accord en ce sens, avec Haïti, en mars. Un parti kényan d’opposition avait ensuite récidivé en déposant il y a un mois un nouveau recours.
Le départ des 400 policiers kényans a d’ailleurs provoqué la colère du président du parti d’opposition Thirdway alliance qui affirme que le « président William Ruto contourne le processus judiciaire parce qu’il ne croit pas en l’État de droit ».
Le Kenya, par ailleurs où, ce 25 juin 2024, une nouvelle journée de manifestation et de mobilisation est prévue contre un projet de loi de finance et de nouvelles taxes. Ce week-end, le chef de l’état a dit être prêt à négocier, après les premiers rassemblements de la semaine précédente.
RFI
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