Au moins 50 personnes sont mortes au Kenya après la rupture d’un barrage au nord de la capitale Nairobi, alors que ce pays d’Afrique de l’Est est balayé par des pluies diluviennes aux conséquences meurtrières. Reportage dans un village ravagé par les coulées de boue.
Au Kenya, au moins une cinquantaine de personnes sont mortes dans l’effondrement d’un barrage. Cela s’est passé dans la nuit du 28 au 29 avril à Maï Mahiu, dans le comté de Nakuru, à une centaine de kilomètres au nord de Nairobi. Les fortes pluies de la nuit ont provoqué le débordement du bassin et la destruction de la digue.
À Ngueiya, un village en aval du barrage, c’est un paysage de désolation, avec une énorme coulée de boue, bordée d’arbres arrachés et de rochers qui ont roulé depuis la montagne. Il y a même un 4X4 perché dans des branchages.
Sous un auvent, dans la cour de l’école primaire de Ngueiya, Joseph est encore sous le choc. C’est vers 3h du matin que le déluge s’est abattu sur sa maison : « J’étais dans mon lit et j’ai entendu des hurlements dehors. J’ai voulu sortir mais ma porte était bloquée par la pression de l’eau. Elle s’est accumulée dans ma maison qui a été emportée d’un coup. C’est venu de nulle part et ça a tout emporté. Tout, même les murs. Il n’y a plus rien. »
Ann vient du village de Jérusalem. Sa famille en est la seule rescapée. Quand les torrents ont pris ses enfants, elle a pourtant cru ne jamais les revoir : « Ils ont été emportés par l’eau. On a tous été séparés. J’entendais mes enfants hurler au loin. Après une vingtaine de minutes, je me suis mise à nager. J’ai retrouvé une de mes filles étendue sur un arbre, je l’ai sauvée. J’ai nagé encore pour récupérer mon autre fille. »
Anthony, lui, est revenu voir les décombres de son village. De la boue et des débris ont remplacé sa ferme. À la sidération succède la colère : « nous sommes abandonnées par les autorités. Les communautés locales l’avaient dit : l’eau arrive, le volume monte. Le gouvernement aurait dû s’en occuper, il aurait pu enlever cette eau pour qu’elle ne monte pas à ce point. Et c’est arrivé… »
À cette heure, les espoirs de retrouver des rescapés sont quasi nuls. Secouristes et voisins continuent de chercher les corps des disparus. David Aderasu, de l’ONG Saint John ambulance, en a trouvé plusieurs : « J’ai trouvé des corps ici, vers Mai Mahiu, en contrebas, parce qu’ils ont été emportés par les eaux. Certains flottaient, d’autres étaient coincés dans la boue. Il y a une autre équipe, un peu plus bas, qui continue de creuser pour récupérer les corps toujours bloqués. »
Selon la Croix-Rouge kényane, 49 personnes sont toujours portées disparues et une centaine de foyers sont touchés. « Beaucoup de maisons se trouvaient sur les berges et ont été emportées, c’est pour ça que ce bureau est important, explique Joe Mbalu, secrétaire général adjoint en charge des opérations. Nous avons besoin de comprendre où vivaient les gens pour savoir où chercher. C’est pour ça que nous envoyons nos drones et collaborons avec la chefferie locale pour faire une carte de la population de la zone affectée. »
Ce n’est pas la première fois que le comté de Nakuru est le théâtre d’un tel accident : en 2018, déjà, l’effondrement du barrage de Solait avait fait près d’une cinquantaine de victimes. Le scénario était assez similaire : de fortes pluies avaient provoqué débordement puis destruction.
Plus tôt, ce lundi, le ministre de l’Intérieur a annoncé que tous les barrages du pays allaient subir une inspection dans les 24 heures. Car, ici, les pluies continuent et de violents orages sont attendus. La rentrée scolaire prévue aujourd’hui a été repoussée d’une semaine.
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