Au Sénégal hier (mardi), les kiosques sont restés bien vides. Conséquence d’une journée sans presse organisée par les éditeurs du secteur pour dénoncer la pression fiscale que leur imposent les autorités. Notre correspondant à Dakar, Gwendal Lavina en dresse le bilan avec des journalistes qui étaient mobilisés.
« Puisqu’on est déjà programmés pour nous tuer, autant aller se battre jusqu’à la mort : c’est tout ! »
Les mots d’Alassane Samba Diop sont graves. Mais à la hauteur, selon lui, de la crise que traverse actuellement la presse au Sénégal.
Le directeur général du groupe eMedia rappelle d’ailleurs que ne pas publier hier le quotidien Bès Bi, dont il est propriétaire, représentait un effort. « On sait que c’est une journée de perdue aussi pour la presse économiquement. C’est de l’argent que nous perdons nous en faisant ces journées-là. On le fait à contre-coeur, on aurait voulu ne pas en arriver là. »
La participation à la « journée sans presse » organisée par le patronat a été massive au Sénégal.
Evelyne Mandiouba, la coordinatrice des rédactions du groupe D-Médias qui comprend une cinquantaine de journalistes, l’a constaté : « Je n’ai pas vu un collègue rechigner à participer à cette journée sans presse. Au contraire, que ça soit à la radio Zik FM, la télévision SenTV ou le quotidien ‘Tribune’, tout le monde était ok, pour participer à cette journée sans presse. »
Interrogé sur cette journée, le député Amadou Ba du parti Yewhi Askan Wi et membre du Pastef dit ne pas la comprendre. « Je ne comprends pas : normalement quand les journalistes se mettent en grève c’est parce que l’un des leurs est arrêté ou des médias fermés. Ce qui n’est pas le cas ici donc le chantage des patrons ne fonctionnera pas ! »
Les représentants du secteur reconnaissent que cette grève est une mesure extrême, mais estiment que c’est la seule façon d’attirer l’attention des autorités. Et n’excluent d’en reprogrammer une prochainement.
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