Italie: Zambo Anguissa, l’autre étoile africaine de Naples

Naples est champion d’Italie, 33 ans après son dernier titre. L’équipe historique de Maradona doit cet exploit autant au buteur nigérian Victor Osimhen qu’au rayonnement du Camerounais André Franck Zambo Anguissa, milieu à tout faire dans la très séduisante formation de Luciano Spalletti. 

Ce n’est plus le même joueur. Le gamin de 20 ans qui venait de débarquer à l’Olympique de Marseille, raillé parfois pour sa technique fruste, caricaturé pour sa puissance physique, est devenu un joueur de 27 ans, avec un cuir plus épais, une technique plus sûre, un regard plus haut. Et un leader, dans tous les sens du terme, dans le club italien de Naples.

Non conservé donc par Reims

Voilà donc, André Franck Zambo Anguissa, champion d’Italie avec le club qui a construit (et vice-versa) la légende de Diego Maradona en Europe. L’international camerounais, qui n’a pratiquement raté aucun match avec le Napoli cette saison, a été un des guides suprêmes vers le titre.

Ils sont loin ces premiers jours en Europe et ses premiers pas au Stade de Reims. « Au début, comme tout jeune Africain qui quitte son pays, et qui arrive dans un nouveau pays, c’est impressionnant, se rappelle Benjamin Moukandjo, ex-coéquipier, aujourd’hui « grand-frère » et confident. Il arrivait dans un club qui avait une histoire, mais il avait beaucoup d’ambition, et beaucoup de qualité. » Doué, mais pas assez cependant aux yeux des dirigeants rémois qui décident de ne pas garder le gamin de Yaoundé.

Premier coup dur pour Zambo Anguissa. « C’est un Camerounais comme moi, on avait le même agent, j’avais un rôle important à jouer à ce moment-là, confie aujourd’hui Moukandjo. Pour lui permettre se sentir mieux, de ne pas dramatiser, j’ai essayé d’être là. Cela passait par les discussions, des week-ends à la maison pour lui changer les idées. »

Non conservé donc par Reims, le joueur, qui a fait ses premiers pas au Coton Sport Garoua, tente le rebond à Valenciennes avec un essai. Mais c’est l’Olympique de Marseille, qui l’avait déjà repéré au Cameroun, qui décroche la signature de celui qui encore vu comme un diamant brut.

À l’école de l’Europe

À Marseille, pendant trois ans, et plus de 100 matches, il s’acclimate au football européen, progresse vite, même si cela ne saute pas aux yeux des supporters marseillais qui garderont plutôt l’image de ce mauvais contrôle en finale de la Ligue Europa qui allait permettre à l’Atlético Madrid d’ouvrir le score et de punir l’OM (3-0).

Qu’importe, l’Indomptable gravit les marches une par une, faisant parler de lui hors de France, lors de son transfert à Fulham pour 25 millions d’euros. « Une affaire en or pour l’OM », pensent certains, une « erreur » pour le club anglais, estiment d’autres, pensant que les Londoniens ont surpayé la transaction.

Qu’importe, Zambo Anguissa découvre un nouvel environnement. Telle une éponge, il absorbe les réalités du foot anglais et confirme ses prédispositions de joueur « box to box ». Un an plus tard, il est prêté au club espagnol de Villarreal. Il parfait sa technique, apprend encore beaucoup dans cette Liga où on aime sortir proprement le ballon.

Aujourd’hui, comme pour boucler son cursus, il a atterri en Italie, pays de la science tactique, en signant à Naples. Complet, fort de ses expériences dans quatre des cinq grands championnats européens, André Franck Zambo Anguissa n’est pas loin de la définition du milieu moderne. Proche de la perfection ? « En tout cas, il fait partie des meilleurs milieux dans le monde actuellement, martèle Benjamin Moukandjo. Il a su apprendre et retenir beaucoup de choses dans les championnats où il est passé. Aujourd’hui, quand il me parle de la science tactique de son entraîneur, Luciano Spalletti, il a les yeux qui brillent. Zambo a énormément progressé dans tous les domaines, il se met même à marquer des buts maintenant [rires] ».

Le seul (petit) bémol pourrait être son influence en équipe nationale du Cameroun. Certes, le natif de Yaoundé est aujourd’hui un cadre chez les Indomptables, mais il semble lui manquer quelque chose pour passer au « grade » de leader parmi les hommes de Rigobert Song. Chez les Camerounais, Zambo n’est pas encore celui par qui tous les ballons passent, celui qui donne le ton à l’équipe.

« C’est un peu normal, avoue Benjamin Moukandjo, ancien capitaine des Lions Indomptables. Il n’est pas utilisé de la même manière en club qu’en sélection. À Naples, c’est un relayeur qui peut se projeter. Au Cameroun, il peut jouer en sentinelle, relayeur ou avec un autre milieu défensif dans un système à plat. » Pour autant, le consultant de Radio Foot internationale estime que son « jeune frère » a tout pour être le guide de la sélection.  « Il doit être un leader, il sait qu’il doit être un leader de par son statut, de par le club dans lequel il joue. Par ce qu’il représente, il ne peut qu’être un leader. Il a encore des choses à prouver en sélection. Ce qu’il fait, ce n’est déjà pas mal, mais il peut encore faire plus. »

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