La France vit actuellement une double crise avec le Maroc et l’Algérie. Pour Aboubakr Jamai, spécialiste du Maghreb et professeur des relations internationales à Aix en Provence, « il y a une dérive autoritaire de la part des deux pays, le Maroc et l’Algérie, qui fait qu’il y a une surenchère géostratégique » notamment. Avec en toile de fond les relations avec la France qui « dans l’esprit des élites marocaines » effectuerait un « rééquilibrage », voire « une prise de position en faveur de l’Algérie ».
La France vit actuellement une double crise avec le Maroc et l’Algérie. Alger avait rappelé son ambassadeur « pour consultations », alors que Rabat a mis fin à la mission du sien à Paris. Paris qui, depuis plusieurs années essaie de pratiquer un jeu d’équilibre entre Algériens et Marocains. Mais cette position semble de plus en plus périlleuse.
Selon plusieurs spécialistes, Rabat, portée par un sentiment de puissance depuis la reconnaissance de la marocanité du Sahara par Washington et son accord de paix avec Israël, mène une campagne de pression pour inciter la France à prendre une position plus favorable sur ce sujet.
Les relations avec Alger sont également soumises à des fluctuations cycliques. C’est une relation compliquée estime Aboubakr Jamai, spécialiste du Maghreb et professeur des relations internationales à Aix en Provence.
« Nous sommes dans une situation où il y a une dérive autoritaire de la part des deux pays, le Maroc et l’Algérie, qui fait qu’il y a une surenchère géostratégique, estime-t-il au micro de Houda Ibrahim. C’est-à-dire lorsque vous avez les élites d’un Etat autoritaire qui mettent en avant des problèmes de politique étrangère. Ça sert de cache misère aux problèmes de gouvernance interne, il y a un peu de diversion dans ça ».
Il poursuit : « Or, les deux pays aujourd’hui utilisent des méthodes non-démocratiques pour faire taire leur société et donc, il y a une espèce d’instinct de survie de l’autoritarisme qui fait qu’on a tendance à surenchérir sur le plan du nationalisme, du patriotisme, et donc il faut s’inventer des ennemis, ou magnifier les problèmes qu’on a avec les pays tiers. »
Et Aboubakr Jamai d’ajouter : « Et puis il y a le fait que dans l’esprit des élites marocaines, il y a un rééquilibrage, si ce n’est, une prise de position en faveur de l’Algérie de la part de la France, avec cette idée qu’étant donnée la crise énergétique, l’Europe en règle générale, la France en particulier, deviennent beaucoup plus sensibles aux demandes algériennes au détriment du Maroc, et ça s’illustre par la position sur le Sahara. Nous assistons aujourd’hui, à ce que moi je considère comme étant une dérive de la diplomatie marocaine. »
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