Guinée : un ancien président de la Cour conditionnelle en détention pour corruption

La justice guinéenne a placé en détention l’ex-président de la Cour constitutionnelle qui avait validé en 2020 la candidature de l’ex-président Alpha Condé à un troisième mandat, pour des faits présumés de corruption, a indiqué à l’AFP le procureur d’une juridiction spéciale instaurée par la junte au pouvoir.

Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en septembre 2021 ont fait de la lutte contre la corruption, réputée endémique en Guinée, un de leurs grands combats proclamés et de nombreux anciens responsables du régime d’Alpha Condé, dont des ministres et l’ex-Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, sont détenus dans ce cadre.

L’ex-président Alpha Condé (2010-2021), premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest, et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres, sont poursuivis pour des faits présumés de corruption.

L’ex-chef de la juridiction suprême, Mohamed Lamine Bangoura, « est depuis mercredi (en détention) à la maison centrale », la prison civile de Conakry, a déclaré vendredi à l’AFP Aly Touré, le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief).

Il est poursuivi pour « détournement de deniers publics, blanchiment, corruption et enrichissement illicite », a dit M. Touré, sans préciser les faits qui sont reprochés au prévenu.

La Cour constitutionnelle dirigée par M. Bangoura avait validé le projet de nouvelle Constitution dont l’adoption lors d’un référendum en mars 2020 avait permis au président Condé de s’affranchir de la limite de deux mandats.

M. Bangoura avait été nommé président de la Cour constitutionnelle de Guinée en septembre 2018 en remplacement de Kéléfa Sall alors en désaccord avec le président Alpha Condé. Il avait ensuite validé en novembre 2020 la réélection de M. Condé dont la contestation brutalement réprimée a fait des dizaines de morts.

La Crief, une juridiction anti-corruption, a été mise en place par les militaires dirigés par le colonel Mamadi Doumbouya, à la tête de la junte qui a renversé le président Condé.

Le colonel Doumbouya s’est fait investir président et s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans à partir de janvier 2023.

Il a assuré en prenant le pouvoir qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières » mais que la justice serait la « boussole » du pays.

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