Guinée: le journaliste Sékou Jamal Pendessa placé sous mandat de dépôt

Le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse (SPPG) était, ce lundi 22 janvier, devant le procureur de la République, suite à son interpellation, vendredi 19 janvier, pour avoir appelé à une manifestation contre les restrictions d’internet et les brouillages des radios et télévisions privées. Il est désormais poursuivi pour « participation à une manifestation non autorisée et trouble à l’ordre public ».

Après deux heures d’audition au tribunal de première instance de Dixinn, à Conakry, le procureur de la République a finalement décidé de maintenir Sékou Jamal Pendessa derrière les barreaux.

Pour Maître Salifou Beavogui, avocat du journaliste syndicaliste, « c’est un nouvel innocent que l’on met en prison ». « Monsieur Sékou Jamal Pendessa et ses camarades étaient à la Maison de la presse. Ils ne sont pas sortis dans la rue, ils n’ont empêché personne de circuler. C’est là où ils ont été encerclés, d’ailleurs séquestrés, pendant plusieurs heures avant d’être libérés. Donc, il n’y a aucune infraction. Finalement, on s’est rabattu sur les réseaux sociaux. Les déclarations de principe qu’il a eues à faire ont été prises comme des délits à poursuivre, ce qui est inacceptable en droit », précise Maître Salifou Beavogui.

Intervention du ministre de la Justice

Au moment où le syndicaliste Sékou Jamal Pendessa était chez le juge d’instruction, le ministre de la Justice Charles Wright est arrivé en grande pompe au tribunal selon lui en inspection. Il a été accueilli par les nombreux journalistes qui attendaient aux abords du tribunal par des slogans demandant sa libération.

Le ministre surpris par cet accueil spontané, s’est adressé à la presse. « Personne ne peut prétendre mettre la pression sur la justice pour qu’elle fasse ce que vous estimez faire, ce n’est pas possible. Au moment où le juge est en train d’examiner son cas, on brandit « libérez, libérez », c’est normal que vous souteniez votre camarade, je le soutiens autant que vous ! ».

Un journaliste, membre du bureau du syndicat de la presse professionnelle de Guinée, soupçonne le ministre Charles Wrigth d’avoir influencé la décision du magistrat instructeur. « En pleine audition, nous constatons que le ministre de la Justice fait son entrée, influence le parquet par ce que c’est ce qu’on peut dire et la suite, c’est le placement en détention provisoire », dénonce Ibrahima Kalil Camara.

Abdoulaye Cissé, chargé de communication du syndicat des professionnels de presse, affirme que « Sékou Jamal Pendessa est devenu la personne à abattre », aux yeux de la junte du CNRD. « Il s’est battu pour le respect de la liberté de la presse en Guinée. Ce n’est pas un monsieur qui a orchestré des coups d’État ou quoi que ce soit ? Non, non, non. Ce qu’il a fait, c’est un combat noble et donc, nous n’allons pas nous laisser faire. Déjà nous sommes en contact avec toutes nos antennes régionales pour des prochaines actions à mener », souligne-t-il.

Quant à l’avocat du journaliste, il n’est pas du tout surpris par la décision du tribunal de conduire son client en prison. « Je suis un peu habitué à ce genre de dossiers, quand le juge ne veut prendre aucun risque dans un dossier, quand il ne veut pas se mouiller, il se débarrasse, confie Me Salifou Béavogui. Ils sont incompétents aujourd’hui, mais, peut-être que demain, ils seront compétents ».

Le procureur ayant lancé une procédure en flagrant délit, le procès du responsable syndical devrait se tenir dans les prochains jours. En attendant la suite de la procédure, Sékou Pendessa a passé sa première nuit en prison.

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