Quelques heures après le premier discours du chef du Hezbollah depuis les événements de Gaza le 7 octobre, les réactions des médias et de la classe politique était partagées entre soulagement et déception contenue du fait que Hassan Nasrallah n’ait pas annoncé l’ouverture totale du front libanais face à Israël.
« Le discours du moment difficile : la clarté sans impulsivité. » Le quotidien Al-akhbar, proche du Hezbollah, jongle avec les mots pour apporter une analyse dépassionnée du discours de Hassan Nasrallah qui a autant déçu que soulagé les Libanais, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
Le journal écrit que les réactions populaires et politiques étaient partagées entre la « satisfaction » du fait que Hassan Nasrallah n’a pas agi sous le coup de « l’impulsion malgré les moments difficiles vécus par les Palestiniens », et la « déception de ceux qui attendaient une décision plus forte » face aux Israéliens et aux Américains.
Pour l’ex-ministre Walid Joumblatt, le discours du chef du Hezbollah est « réaliste et équilibré ». Le chef druze explique que Hassan Nasrallah a « ouvert le front au Liban-Sud à sa façon, et a bloqué les troupes israéliennes qui étaient censées être à Gaza » sans pour autant ouvrir totalement le front libanais.
Le fait que la guerre totale avec Israël ait été évitée pour le moment ne satisfait pas les adversaires du Hezbollah. Le président du parti chrétien Kataëb, Samy Gemayel, rejette le « lien établi par Hassan Nasrallah entre le sort du Liban et celui de Gaza ». Il déplore aussi l’absence de tout rôle des autorités officielles libanaises dans la partie qui se joue actuellement.
Drapeau du Hezbollah ou aux couleurs palestiniennes à la main, une foule galvanisée par les propos de Hassan Nasrallah a écouté son discours fleuve vendredi, raconte notre correspondante Laure Stephan. « Sayed Hassan Nasrallah a insisté sur la solidarité avec Gaza. Et il a souligné l’hypocrisie du monde occidental. La guerre à Gaza a montré le vrai visage des Etats-Unis, d’Israël et de l’Union européenne : ils n’ont que faire des droits des enfants, sauf s’ils sont israéliens ; si les enfants ne sont pas israéliens, qu’ils meurent, qu’ils soient bombardés, qu’ils aient faim, cela n’a aucune importance », affirme Iyas, un jeune Libanais présent dans le public.
À côté de l’écran géant où était retransmis le discours, les portraits des plus de cinquante combattants du parti morts lors des affrontements avec l’armée israélienne qui ont lieu à la frontière depuis presque quatre semaines ; mais aussi ceux de civils tués. « Le message important : nous ne laissons pas les Palestiniens seuls dans la bataille, nous participons, et cela va continuer avec les actions menées par le Hezbollah à la frontière libanaise, dit Hussein. Mon souhait est que Gaza connaisse la paix, qu’il faille la guerre pour y parvenir ou que l’on y arrive par d’autres moyens. »
Après le discours, le leader d’une faction armée chiite irakienne a remercié Hassan Nasrallah, sur les réseaux sociaux, affirmant que les combattants qui ont déjà affronté Daesh, se tenaient prêts pour combattre à ses côtés.
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