Le sud du Donbass dans la région de Donestk est l’un des points chauds de la guerre. Pression russe, troupes ukrainiennes sur la défensive et fatigue morale… Comme pour Ehor, un tankiste rencontré à quelques kilomètres du front et déprimé par les pannes à répétition de ses blindés obsolètes.
Il s’appelle Ehor, il doit avoir 25 ans et il n’en peut plus. Tous les jours, il a les mains dans le cambouis et aujourd’hui, il s’arrache les cheveux pour remorquer un T-64BV, un tank soviétique qui est une fois de plus tombé en panne sur le champ de bataille.
Des pannes « tout le temps »
« Si quelqu’un chose pète en dessous du tank, par exemple un conduit de transmission, il faut creuser à la pelle dans la boue pendant deux heures rien que pour se glisser dessous, explique Ehor. Ensuite, il faut identifier la panne et la réparer et ça n’en finit pas. Ça demande du personnel et du matériel et ça n’arrive pas qu’une fois par-ci par-là, ça arrive tout le temps ».
Il ne veut pas donner de chiffres et ne dira donc pas combien de blindés de sa brigade sont hors service. Mais l’état des stocks est affolant. Et même quand les machines fonctionnent. C’est un supplice pour les soldats.
« Plein d’opérateurs tombent malades »
« Il y a plein d’opérateurs qui tombent malades parce qu’à la conception, ils n’ont pensé à rien pour l’équipage. Prends le système de chauffage : s’il fait zéro dehors, il va faire 2 ou 3 degrés à l’intérieur de ton tank. Imagine en plein hiver, quand tu passes 12 heures dedans en pleine nuit, moteur coupé. Le matin, on est obligés de hisser les gars dehors, tellement, ils n’ont plus de forces ».
Ehor rêverait d’un Léopard, d’un Abrams ou d’un Leclerc, mais il ne se fait aucune illusion. « Pour sécuriser nos 2 000 kilomètres de frontière commune avec la Russie, il en faudrait 700. Ça n’arrivera jamais », dit-il.
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