Gaza: l’Égypte annonce le passage «durable» de l’aide humanitaire via le terminal de Rafah

Après dix jours de siège complet de la bande de Gaza, décidé par Israël en réponse aux attaques du Hamas du 7 octobre, un accord a été trouvé, mercredi 18 octobre, pour l’acheminement d’aide humanitaire dans le territoire enclavé. Le président américain Joe Biden, en visite en Israël, l’a annoncé. L’État hébreu a confirmé son feu vert, et dans la nuit du 18 au 19 octobre, la présidence égyptienne a annoncé un passage « durable » de cette aide via le poste-frontière de Rafah.

Alors que le nombre de morts dans chaque camp continue de monter dans cette guerre entre Israël et le Hamas, la situation humanitaire dans la bande de Gaza, est très compliquée : les bombardements israéliens, déplacement de populations du nord vers le sud, l’eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d’habitants privés aussi d’électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre.
 
Les multiples appels de la communauté internationale à l’établissement d’un corridor humanitaire ont reçu un écho positif mercredi 18 octobre.
 
Dans la nuit du 18 au 19, l’Égypte a confirmé l’ouverture d’un chemin pour apporter de l’aide à Gaza. « Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le président américain Joe Biden se sont mis d’accord sur l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza via le terminal de Rafah, de manière durable », a affirmé le porte-parole de la présidence, Ahmed Fahmy, dans un communiqué qui ne précise toutefois pas de date précise.
 
Plus tôt dans la journée, le président américain avait annoncé depuis Israël que l’État hébreu a approuvé l’entrée d’une aide dans la bande de Gaza « au plus vite ». Israël avait confirmé dans la foulée. Le pays « n’empêchera pas l’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il s’agit de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Le même bureau a tout de même prévenu : « Tout approvisionnement qui arrivera au Hamas sera neutralisé. »
 
L’aide humanitaire doit passer par le poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et la bande de Gaza. À ce point de passage, des dizaines de camions remplis d’aide internationale patientent depuis plusieurs jours, et pour cause : le passage y est impossible depuis plusieurs jours, en raison « des bombardements israéliens » selon le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.
 
Un convoi de camions transportant de l’aide humanitaire d’ONG égyptiennes pour les Palestiniens commence à se déplacer d’Al-Arish, dans la péninsule du Sinaï, vers la ville de Rafah en attendant un accord sur l’ouverture du poste frontière de Rafah pour entrer à Gaza, le 17 octobre 2023. REUTERS – STRINGER
De passage en Allemagne pour une courte escale après sa visite en Israël, Joe Biden a délivré plus d’informations à propos de cette aide humanitaire, dans la soirée du 18 octobre. Par ailleurs, s’il a salué son homologue Abdel Fattah al-Sissi,

« totalement coopératif » et méritant « beaucoup de reconnaissance » pour son action, le président américain a repris l’avertissement israélien à propos de cette aide humanitaire : « Si le Hamas (s’en) saisit ou ne la laisse pas passer (…), alors ce sera fini. »
 
Selon Joe Biden – s’exprimant avant le communiqué de la présidence égyptienne –, Le Caire accepte de « laisser jusqu’à 20 camions traverser » la frontière pour acheminer de l’aide à Gaza. Un nombre susceptible d’augmenter plus tard, mais qui reste insuffisant aux yeux des Nations unies (ONU). Martin Griffiths, coordinateur de l’ONU pour les Affaires humanitaires, l’a rappelé sur la chaîne CNN : « Nous devons commencer avec un nombre important de camions et nous devons atteindre 100 camions par jour, c’était autrefois le cas du programme d’aide à Gaza. »


Après l’accord diplomatique, il faut encore lever encore des obstacles physiques, rappelle notre envoyé spécial à Jérusalem, Guilhem Delteil. Le point de passage de Rafah a été bombardé à quatre reprises par Israël depuis une dizaine de jours. Les bombardements ont également touché de nombreuses routes dans la bande de Gaza. Il faudra donc au moins 24 heures avant que le premier convoi ne puisse entrer dans la bande de Gaza. 
 
La Russie s’est engagée, ce jeudi matin, à acheminer 27 tonnes. L’Union européenne veut, elle, ouvrir un couloir aérien vers la bande de Gaza via l’Égypte.
 
Mais cet accord reste malgré tout fragile. Certaines voix en Israël dénoncent un geste fait sans concession du Hamas sur les otages israéliens actuellement détenus dans la bande de Gaza. Et la situation sécuritaire pourrait aussi conduire à une nouvelle fermeture du poste frontière. Cette nuit encore, l’enclave palestinienne a été bombardée, y compris près du poste frontière avec l’Égypte.
 
(et avec AFP)

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