Gaza: appels à une enquête après une distribution humanitaire meurtrière, Biden se résout aux largages d’aide

La communauté internationale a réclamé vendredi 1er mars un cessez-le-feu à Gaza et une enquête après des tirs israéliens et une bousculade pendant une distribution d’aide humanitaire dans la ville de Gaza qui a tourné à la tragédie jeudi 29 février. Des tirs à ce moment ont fait plus de 110 morts, selon le Hamas, dans le territoire palestinien menacé de famine.

Principal allié d’Israël, Washington a exigé des « réponses » du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie lors d’une distribution dans la ville de Gaza et plaidé pour « un accord sur un cessez-le-feu temporaire ». L’Union européenne a appelé à une enquête et à un cessez-le-feu humanitaire, tandis que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a demandé « une enquête indépendante efficace ».
 
La France a réclamé une « enquête indépendante » et l’Allemagne a appelé à une « trêve humanitaire ». Le Conseil de sécurité de l’ONU, lui, poursuit ses discussions sur un projet de déclaration au sujet du drame de Gaza.
 
« Un grand nombre de blessures par balles »
Jeudi, des témoins ont affirmé que des soldats israéliens ont tiré sur une foule affamée qui se précipitait vers des camions d’aide humanitaire dans la ville de Gaza, dans le nord. Le bilan est de 115 morts et environ 760 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas. Un responsable de l’armée israélienne a confirmé des « tirs limités » de soldats qui se sentaient « menacés » et évoqué « une bousculade durant laquelle des dizaines d’habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d’aide ».
 
Une équipe de l’ONU, qui a rendu visite à des blessés vendredi à l’hôpital al-Chifa, à Gaza-ville, a constaté « un grand nombre de blessures par balles », a déclaré le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric. Il a ajouté que 200 blessés se trouvaient toujours dans cet hôpital sur plus de 700 qui y ont été transportés. Ces chiffres vont à l’encontre de l’affirmation israélienne de « tirs limités ».
 
Largage humanitaire
« Des innocents sont pris au piège d’une guerre terrible, incapables de nourrir leurs familles, et vous avez vu la réponse lorsqu’ils ont essayé d’obtenir de l’aide », a déclaré ce vendredi le président américain Joe Biden après avoir annoncé vendredi que les États-Unis allaient participer « dans les prochains jours » à des largages d’aide humanitaire sur la bande de Gaza, assiégée par Israël depuis le début de la guerre contre le Hamas il y a presque cinq mois. « Nous allons nous joindre à nos amis de Jordanie et d’autres pays en opérant des largages de nourriture et autres biens » sur Gaza, a affirmé le président. Plusieurs pays ont déjà largué des cargaisons d’aide, dont la Jordanie avec le soutien de plusieurs pays dont la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ainsi que l’Égypte qui a fait décoller plusieurs avions jeudi en coopération avec les Émirats arabes unis.
 
Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine à Gaza, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide. Une famine « est quasiment inévitable, si rien ne change », a de nouveau averti vendredi le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Laerke. Les cargaisons n’arrivent qu’en quantité très limitée, principalement depuis l’Égypte via Rafah. Elles sont soumises au feu vert d’Israël qui impose un blocus à la bande de Gaza. « Nous allons insister auprès d’Israël pour qu’il facilite l’entrée de davantage de camions et qu’il augmente les voies d’accès à Gaza (…) Il n’y a vraiment pas assez d’aide qui arrive à Gaza », a déclaré Joe Biden.
 
De nombreux enfants morts
La guerre et les pénuries ont notamment mis à genoux le système de santé, rendant d’autant plus nécessaire l’acheminement d’aide humanitaire. Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé vendredi que quatre enfants étaient morts de « malnutrition et de déshydratation » à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza. Depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, les opérations israéliennes de bombardements et attaques terrestres ont fait jusqu’à présent au moins 30 228 morts à Gaza.
 
Vendredi, des dizaines de frappes ont encore ciblé Khan Younès et Rafah dans le sud, selon le gouvernement du Hamas. Des combats au sol se poursuivent à Gaza-ville ainsi qu’à Khan Younès.
 
Le Qatar, les États-Unis et l’Égypte tentent depuis des semaines d’arracher aux deux camps un compromis qui rendrait possible une trêve associée à de nouvelles libérations d’otages. Aucune avancée concrète n’a été annoncée jusqu’à présent. Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur la libération des otages, ainsi que la levée du blocus israélien et l’entrée d’une aide humanitaire accrue. Israël répète de son côté qu’une trêve devrait être accompagnée de la libération de tous les otages et ne signifierait pas la fin de la guerre, promettant que celle-ci se poursuivra jusqu’à l’élimination totale du Hamas.

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