France: une journée test de mobilisation contre la réforme des retraites

Les Français sont appelés ce samedi 11 mars à manifester pour une septième journée contre une réforme des retraites très impopulaire et voulue par Emmanuel Macron, sur fond de grèves persistantes, une journée test pour la suite du bras de fer entre le gouvernement et les syndicats.

​Il s’agit de la septième journée d’action depuis le 19 janvier contre cette réforme des retraites voulue par le président français Emmanuel Macron et son report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Les Français sont, selon les sondages, majoritairement hostiles, la jugeant « injuste » notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.
 
Vendredi, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a dégainé l’arme constitutionnelle, l’article du 44.3 de la Constitution, du vote unique devant le Sénat, qui va devoir se prononcer par un seul vote sur l’ensemble du projet de loi, en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement – au nombre de 70 environ sur la suite des articles en discussion.
 
Même sans débat ni vote sur le millier d’amendements restants, ces derniers peuvent toutefois être simplement présentés par leurs auteurs. Une façon de gagner du temps, et de laisser espérer à la gauche que le texte « ne soit pas soumis au vote » avant l’échéance prévue dimanche à minuit. « Nous avons eu ensemble 74 heures de débats » depuis le 2 février et, « à chaque article, malgré des discussions de fond, l’obstruction est devenue un choix méthodique », a estimé M. Dussopt.
 
Une réforme symbolique pour Emmanuel Macron
Réagissant à cette décision, la CGT Énergie a mis en garde contre une « escalade de la colère ». De son côté, dans une lettre à l’intersyndicale datée de jeudi, Emmanuel Macron a déclaré aux syndicats que le gouvernement restait « à l’écoute » sur cette réforme, tout en soulignant qu’elle s’imposait. Le gouvernement français a choisi de relever l’âge légal de départ à la retraite pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.
 
Le président français joue une part importante de son crédit politique sur cette mesure phare de son second quinquennat, symbole de sa volonté affichée de réformer, mais qui cristallise aujourd’hui la grogne d’une partie des Français à son encontre. Emmanuel Macron a cependant confirmé sa fermeté en n’acceptant pas de rencontrer les syndicats, estimant que l’heure était au « temps parlementaire », après les « concertations menées » par la Première ministre Elisabeth Borne et les aménagements déjà apportés au texte.
 
Vendredi après-midi, il a aussi déclaré que la réforme des retraites devait aller à son « terme » au Parlement, laissant entendre qu’il n’excluait rien, y compris le recours à une adoption sans vote via l’article 49.3 de la Constitution (qui permet au gouvernement de faire adopter un texte législatif sans vote en engageant sa responsabilité).
 
Contestation toujours forte dans le pays
À travers le pays, la contestation reste forte, même si la France n’a pas été mise « à l’arrêt » comme l’ont souhaité les syndicats. L’incertitude demeure sur la question de savoir si les blocages et grèves reconductibles ayant lieu depuis mardi et touchant des secteurs-clefs de l’économie (transports, énergie, etc.) se poursuivront. À Paris, les poubelles s’accumulent dans certains arrondissements, avec 3 700 tonnes de déchets non ramassés jeudi, selon la mairie.
 
L’autorité du transport aérien français a demandé aux compagnies aériennes d’annuler 20% de leurs vols prévus samedi et dimanche dans plusieurs aéroports, en raison d’une grève de contrôleurs aériens. Côté ferroviaire, la compagnie nationale SNCF prévoyait un trafic toujours « fortement perturbé » vendredi et le week-end. Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT Énergie, a indiqué vendredi que les grèves se poursuivaient, notamment dans les centrales de production d’électricité. La grève des gaziers se poursuit également dans l’ensemble des terminaux méthaniers et des stockages de gaz.
 
La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

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