Exploitation minière au Sénégal : ERAMET GCO accusée de violations environnementales, fiscales et sociales – Le gouvernement interpellé

Alors que le Sénégal s’engage dans une nouvelle ère de transparence et de justice, l’entreprise Grande Côte Opérations (GCO), filiale du groupe français ERAMET, est au cœur d’un scandale aux multiples facettes. Entre exploitation minière destructrice, manquements fiscaux, intimidations judiciaires et dégradation environnementale, les populations locales dénoncent une impunité inacceptable. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République et au Premier ministre, des artistes, des experts, cadres, et des représentants de la société civile exigent des actions concrètes pour mettre fin à ces abus et appliquer les principes du Juub Jubaal Jubanti.

Monsieur le Président de la République, qui protège ERAMET GCO pour fouler au pied toutes les règles ?

Excellence, Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier ministre,

Le Sénégal a fait le choix d’un nouveau cap, celui de la transparence, de la justice et de la rupture avec les pratiques du passé. Le Juub Jubaal Jubanti n’est pas une simple devise politique : c’est un engagement, un principe qui doit s’appliquer sans distinction et avec rigueur, à tous, y compris aux multinationales qui exploitent nos ressources.

Pourtant, une entreprise semble se croire au-dessus des lois et des principes que vous avez vous-mêmes érigés en socle de votre gouvernance. Dans le désert de Lompoul, un scandale d’une ampleur dramatique se déroule sous nos yeux : D’un côté, une exploitation minière incontrôlée et destructrice menée par Grande Côte Opérations (GCO), filiale du groupe français ERAMET, qui ravage notre environnement et met en péril l’avenir de milliers de Sénégalais ; – de l’autre, des contrôles fiscaux à répétition, des diffamations, des menaces et des mensonges proférés contre l’Écolodge du Désert de Lompoul et Cheikh-Yves JACQUEMAIN, qui n’ont de tort que d’être en règle avec la loi et d’être le dernier campement touristique du désert ; – ou encore, des tentatives d’intimidations judiciaires inacceptables contre Julien Potron, lanceur d’alerte et entrepreneur solaire à impact dont le seul tort est d’avoir dénoncé ces abus ; – et enfin, ces intimidations incessantes contre les habitants des Niayes, dont certains condamnés le mois dernier à Louga sans qu’aucune enquête sur le terrain n’ait été menée. 

Comment expliquer qu’en une décennie, GCO ait généré plus de 1 106 milliards de FCFA de Chiffre d’Affaires tout en ne reversant que 51 milliards de redevances minières à l’État sénégalais, soit à peine 4,64 % des richesses extraites de notre sol ? Comment accepter que cette même entreprise n’ait jamais reversé la quote-part de 10 % de dividendes qui revient de droit à l’Etat, contrairement à toutes les entreprises sénégalaises soumises à cette obligation ? 

Comment accepter que cette entreprise qui affirme ne pas frauder au niveau du versement de ses impôts et de ses redevances minières, ait déjà subit des redressements fiscaux et douaniers d’un total de 18,4 milliards de FCFA depuis le début de ses activités ? Comment accepter que cette entreprise n’ait déposé que 274 millions de garantie de réhabilitation à la CDC, alors que des milliers d’hectares sont concernés par cette exploitation qui avale sur 15m terres, flore, faune, écosystèmes et nappe phréatique de surface ? 

Pendant que GCO s’enrichit outrageusement, les habitants des Niayes, eux, subissent encore la misère. L’eau n’est pas propre à la consommation, les terres détruites, les cimetières profanés, les dunes effacées, les familles déplacées. Des hommes et des femmes meurent, comme Diary KEÏTA, 36 ans, décédée après avoir bu une eau impropre dans un village de recasement. Les cimetières sont rasés, les mosquées et les écoles détruites, les récoltes anéanties. Pendant que des vies sont brisées, GCO engrange des milliards, en toute impunité. N’avons-nous là pas la caricature d’une entreprise néocoloniale dans tout ce qu’elle a de plus inique ?

Et au lieu de répondre de ses actes, cette entreprise préfère intimider, menacer ou encore attaquer ceux qui osent parler.

Qui protège ERAMET GCO ? Qui lui permet de piétiner les lois du Sénégal, la dignité de son peuple et les principes même de votre gouvernance ? Pourquoi GCO n’est-elle pas inquiétée alors qu’elle bafoue ouvertement les règles fiscales, environnementales et sociales ? La justice sénégalaise ne devrait-elle pas devenir une arme de défense des lanceurs d’alerte, au lieu d’être un rempart contre les abus des multinationales ?

Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, nous vous invitons à agir rapidement avant qu’il ne soit trop tard et à appliquer le Juub Jubaal Jubanti dans toute sa rigueur, sans exception, et sans protection invisible pour GCO !

Nous demandons :
– Un Moratoire immédiat pour effectuer un audit environnemental et économique indépendant et public sur l’exploitation de Lompoul.
– Des compensations dignes et immédiates pour les populations locales déplacées et affectées.
– Une transparence totale sur les contrats miniers, les profits générés et les impôts réellement payés par GCO.
– L’arrêt immédiat des pressions judiciaires contre Julien POTRON et la fin de toute tentative d’intimidation des lanceurs d’alerte.

L’heure n’est plus aux discours. La peur doit changer de camp ! L’intimidation doit être bannie et punie !  Si nous voulons bâtir un Sénégal buu Juub, alors il faut que justice soit rendue. Si nous voulons avancer vers du Jubaal, il faut que la lumière soit faite. Et si nous aspirons à du Jubanti, alors ceux qui exploitent nos ressources au détriment de notre peuple doivent être tenus responsables.

Le peuple sénégalais vous regarde. Lompoul attend une réponse. L’histoire jugera.

« Li nieup bok nieup jotsi », c’est l’heure de le prouver.

Dans l’attente d’une action concrète, veuillez agréer, Excellence, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre détermination.

Ont signé :
Moh Dediouf, artiste international 
Cheikh fall, QHSE, Collectif des impactés de la zone des niayes
Sata seck, experte en communication 
Insa Camara, consultant sénior juridique, Rh et finances
Pape Babacar Thiam, ingénieur BTP
Abdou Aziz Ndiaye, Contrôleur de gestion
Patrice Sane, consultant senior en communication 
Zeynil El Abdine Ndongo, économiste 
Alexandre Abraham Leye, spécialiste optimisation
Christian Duponchel, expert marketing digital
Adama fall, expert environnement 
Hady Ndiaye, expert aéronautique 
Stephan Nna Ndjeng, Manager Rh
Oumar Faye, expert formateur
Nicolas Ryan, architecte international
Astou diop, comptable
Babacar Thiam, banquier

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