Éthiopie: les populations désemparées après des inondations dévastatrices

Après la sécheresse, les inondations… Plusieurs pays de la corne de l’Afrique ont été frappés par le phénomène El Nino. Des pluies diluviennes s’y sont abattues à la suite d’une longue période de sécheresse. Le sol, très sec, n’absorbe plus l’eau, provoquant des inondations dévastatrices. En Éthiopie, plus de 1,5 million de personnes ont été affectées, 600 000 personnes ont été déplacées. Reportage.

Vu du ciel, les dégâts sont impressionnants : plus de 90 000 hectares, des champs et des villages entiers, baignant dans une eau marron, qui a débordé des rivières et s’est engouffrée dans les vallées. Les populations se sont réfugiées où elles le pouvaient, dans des zones difficiles d’accès où seul l’hélicoptère peut se rendre, comme à Firfir, où Ester Muhammad s’est construit un abri précaire : « Je ne connais pas la situation de ma maison, la dernière fois que j’y étais, il y avait tellement d’eau que je ne pouvais rien voir et je ne sais pas si ça a été emporté. »
 
Après quatre ans de sécheresse, les réfugiés souffrent surtout de la faim : « Si on cuisine un jour, le jour d’après, nous n’avons plus à manger, nous demandons l’aide du gouvernement pour nous aider, car c’est une urgence. »
 
Les flots ont tout ravagé
Seuls 30% des personnes affectées ont reçu une assistance dans le pays. Plus au sud, à Kelafo, l’eau s’est retirée. Les habitants, de la boue jusqu’aux genoux, ne peuvent que constater les dégâts.
 
« Je plantais beaucoup de choses : du maïs, de la papaye, des bananes, beaucoup de nourriture, explique un sinistré. Mais il ne reste plus rien, juste des arbres vides. » Une femme raconte les destructions : « Certains objets ont été abîmés, d’autres ont été emportés… L’eau est montée jusqu’au cou, c’était tellement dangereux. »
 
Certains ont essayé de retenir les eaux jusqu’au bout. Comme cet homme, qui décrit les efforts collectifs déployés pour s’en sortir, en vain : « On utilisait des sacs de terre pour retenir l’eau, mais au bout de 20 jours, ce n’était plus possible de contrôler et ça a tout emporté. Beaucoup d’animaux sont morts, les poulets et tous les ustensiles, et quatre personnes âgées sont mortes, on a trouvé leurs corps dans l’eau. »
 
Appel à la communauté internationale
En tout, les inondations ont fait une quarantaine de victimes dans la région. Le gouverneur de la zone, Adan Ahmed Soyan, va au contact des habitants. Les discussions sont houleuses, les victimes espèrent recevoir l’aide, qui tarde : « Il n’y a plus école, les établissements de santé ont été dévastés ou emportés, les systèmes d’irrigations détruits… Nous utilisons des hélicoptères et des bateaux pour rejoindre les habitants. Nos ressources ne sont pas suffisantes face aux besoins, mais nous essayons de sauver des vies. »
 
L’eau stagnante expose maintenant les habitants à de nombreuses maladies, comme le choléra, la malaria ou la dengue. Les Nations unies et le gouvernement éthiopien ont lancé un appel à la communauté internationale pour leur venir en aide.

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