Au Mali, quelles conséquences après une rébellion avortée qui a été lancée par Evgueni Prigojine et ses hommes de Wagner contre le Kremlin ? « Même s’il est encore tôt pour tirer des conclusions, quelles que soient les suites, il va s’agir pour les autorités politiques au Mali de choisir un camp », estime l’avocat et politologue Oumar Berté. Le groupe paramilitaire est arrivé dans le pays en décembre 2021, à l’appel des autorités maliennes de transition, qui n’ont jamais reconnu qu’une « coopération d’État à État ».
Evgueni Prigojine va prendre le chemin de la Biélorussie. Après l’offensive lancée, ses miliciens du groupe Wagner ont abandonné les positons qu’ils tenaient. Ils n’ont donc pas renversé le ministère de la Défense et le calme est revenu, même si le flou règne encore sur la position actuelle du patron de Wagner et sur le fait de savoir s’il fera ou non l’objet d’une procédure judiciaire pour « mutinerie ».
En tout état de cause, cet épisode a montré avec fracas la fracture qui existait actuellement entre Evgueni Progijine et Vladimir Poutine, entre le groupe Wagner et l’État russe, qui avaient pourtant avancé ensemble pendant longtemps, sur le continent africain notamment. Au Mali, les combattants de Wagner sont arrivés dans le pays en décembre 2021, à l’appel des autorités maliennes de transition, qui n’ont jamais reconnu qu’une « coopération d’État à État ».
Des autorités maliennes de transition qui n’ont pas commenté ces événements, qui concernent pourtant directement le Mali et qui risquent de confronter les autorités à un choix, estime Oumar Berté, avocat et politologue malien, chercheur associé à l’Université de Rouen.
« Si les deux camps se réconcilient pas, les autorités maliennes seront dans une situation délicate »
« Cela a sans doute fait réfléchir les autorités maliennes, qui avaient changé complètement de stratégie en s’orientant vers la Russie, qui serait un partenaire stratégique, un partenaire fiable, explique-t-il à David Baché. Il s’agit d’une crise entre le pouvoir actuel de Poutine et le groupe Wagner qui est présent au Mali, bien que les autorités maliennes les qualifient [les membres de Wagner, Ndlr] d’instructeurs russes. Donc, même s’il est encore tôt pour tirer des conclusions, quelles que soient les suites, il va s’agir pour les autorités politiques au Mali de choisir un camp. Celui de Poutine ou celui de Prigojine ».
Oumar Berté poursuit : « L’État malien est en effet aujourd’hui engagé dans un double partenariat, avec l’État russe – le camp Poutine – et avec le groupe Wagner – le camp Prigojine. Ce qui jusqu’à présent ne faisait pas grande différence, mais qui pourrait changer si les deux camps ne se réconciliaient pas durablement. »
L’avocat et politologue conclut : « Si les deux camps se réconcilient, les implications ne seront pas très grandes au Mali. Mais s’ils ne se réconcilient pas, les autorités maliennes seront dans une situation particulièrement délicate ; c’est à dire qu’il faudra choisir un camp. Et dans les deux cas, il y a aura des conséquences. »
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